Le verdict du procès de l'affaire de l'ex-dgsn était attendu hier soir, après cinq jours d'audiences riches en révélations. Hier, c'étaient les plaidoiries de la défense, durant lesquelles, les avocats n'ont pas manqué d'évoquer le volet politique du procès. Les avocats de la famille Hamel ont tenté de replacer dans leur contexte des déclarations faites, le 26 juin 2018, par Abdelghani Hamel avant son limogeage. "Celui qui veut lutter contre la corruption doit être lui-même propre" ou encore "j'ai des dossiers que je vais remettre à la justice au moment opportun". Les avocats du général-major se sont basés sur ces déclarations pour en faire un moyen de défense et expliquer à la justice que leur mandant ainsi que sa famille "sont victimes d'une guerre de clans et de rendements de comptes". Me Ouali Nabil, qui s'est constitué en faveur d'Annani Salima, épouse de l'ex-DGSN, a estimé que "la police judiciaire de la Gendarmerie nationale s'est basée sur des informations selon lesquelles, Hamel Abdelghani et ses enfants ont amassé une fortune colossale". "Cette manière de faire est inadmissible", a-t-il dit, faisant allusion aux services de la police judiciaire de la gendarmerie qui étaient sous le commandement de Ghali Belkecir, limogé, pour rappel, par Abdelkader Bensalah, alors chef de l'Etat par intérim en juillet 2019. Me Ouali ne s'est pas arrêté là. Il a ajouté que lorsque les services concernés ont épluché les comptes de la DGSN, "ils n'ont rien trouvé". "Hamel pouvait bien se servir des milliards de dinars du budget de la police s'il était vraiment corrompu", a-t-il justifié, indiquant que l'ancien chef de la police avait même la possibilité "d'envoyer ses enfants à l'étranger et de signer des contrats avec leurs entreprises pour le compte de la DGSN". "Ses enfants n'ont pris aucun marché public", a-t-il encore affirmé. "Depuis 1962, notre pays vit au rythme des rendements de comptes via la justice", a-t-il accusé, dénonçant "une campagne médiatique" orchestrée "pour salir l'image de Hamel et de sa famille". "Même lors de l'affaire Khalifa, la presse n'avait pas chargé le principal accusé comme elle l'a fait contre Hamel", a-t-il encore dit, considérant qu'à l'accusation selon laquelle, Abdelghani Hamel "n'a pas fait de déclaration de patrimoine", Me Ouali a rappelé qu'"aucun militaire ne fait ce genre de déclaration et pourquoi voulez-vous que Hamel la fasse et ouvre ainsi la porte". Me Ouali a ajouté, par ailleurs, que "le vice-ministre de la Défense nationale n'a jamais été convoqué par l'APN pour un bilan". Me Chiat Hocine, ancien compagnon de Hamel et ancien directeur du Musée national de l'armée, a préféré rappeler "le parcours" de l'accusé. De jeune étudiant en 1973 à Constantine jusqu'au grade de général-major, Me Chiat a également rappelé que la famille de Hamel "compte 11 martyrs". "Hamel devrait être jugé par un tribunal militaire, et là-bas, les membres de sa famille ne seront pas incarcérés", a-t-il dit, dénonçant le fait que "Hamel n'ait pas vu ses enfants durant 9 mois". "C'est un acharnement contre lui", a insisté Me Chiat, précisant que "tous ses frères, dont des militaires et un ambassadeur, ont été punis et isolés à cause d'Abdelghani". "Cela prouve, si besoin est, que cette affaire est montée de toutes pièces pour attenter à l'homme", a encore avancé Me Chiat, dénonçant, également, "ceux qui ont voulu l'impliquer dans l'affaire des 701 kg de cocaïne du port d'Oran". " Ses enfants Mourad et Chafik ont été entendus comme témoins, et depuis, leurs comptes, ainsi que ceux de leur sœur Chahinaz sont bloqués. Et c'est cela qui a fait que la fille de Hamel n'ait pas réalisé son projet à Bab Ezzouar", a informé l'avocat. "Hamel n'avait pas de soucis avec l'Etat, mais plutôt avec des personnes, dont certaines sont actuellement en fuite et d'autres en prison", a-t-il dit, sans pour autant citer de noms. Belkecir, sa femme et Louh Les plaidoiries des avocats de la défense ont centré leurs "attaques" contre ceux qui seraient derrière les ennuis judiciaires de Hamel et de sa famille. Plusieurs avocats ont pointé un doigt accusateur sur la femme de Ghali Belkecir, Fatiha Boukhers, magistrate et ancienne présidente de la Cour de Tipasa, actuellement en fuite à l'étranger. Même l'ancien garde des Sceaux Tayeb Louh, actuellement en détention, est cité par des propos à peines voilés. Me Farid Benbelkacem, avocat de Moussa Ghellaï, ancien wali de Tipasa, a disserté sur "l'instruction", qu'avait envoyée les services du Premier ministère sous Sellal au ministre des Finances, à celui de l'Intérieur et au DG des Domaines de Tipasa pour "annuler" la décision du tribunal administratif qui a jugé de la nullité de la concession aux enfants de Hamel à Magtaâ Kheira. L'avocat a estimé que l'affaire "aurait commencé à la suite des déclarations de Hamel sur la corruption, d'où la mise en branle de la machine judiciaire contre lui". Me Benbelkacem a ajouté que "le trio Boukhers-Belkecir-Louh ont lancé la campagne de dénigrement contre Hamel" et qu'"ils ont engagé des investigations qui ont fini par impliquer plusieurs personnes qui sont aujourd'hui devant vous". À rappeler que le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a requis une peine de 20 ans de réclusion contre Abdelghani Hamel. La même peine a été requise contre son fils Ameyar, 15 ans, contre chacun des trois enfants Hamel, Mourad, Chafik et Chahinaz. Une peine de 10 ans de prison a été requise enfin contre l'épouse du général Hamel, Mme Annani Salima. Le parquet a requis, également, 10 ans de prison contre l'ancien wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane. Quinze ans de prison ont été requis contre l'ancien wali de Tipasa Moussa Ghellaï. 10 ans contre Mohamed Rehaïmia, ancien P-DG de l'OPGI. 12 ans de prison ont été requis contre l'ancien wali de Tlemcen Bensebane Zoubir et 10 ans de prison ferme ont été requis contre Abdelmalek Boudiaf, ancien wali d'Oran, 10 ans de réclusion ont été demandés par le procureur contre Ali Bouamrirène, ancien directeur des domaines de Tipasa. Des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme ont été requises contre les autres accusés.