"L'augmentation du nombre et l'éventail d'armes utilisées par les clans rivaux, ainsi que l'incapacité apparente des autorités locales et nationales, y compris les forces de sécurité, à apporter une réponse, ont contribué à la montée de la violence", explique l'ONU. Les violences intercomunautaires ont fait au Soudan du Sud une quarantaine de victimes et plus de 60 blessés durant la semaine dernière, ont rapporté plusieurs sources, alors que les deux parties rivales ont conclu récemment un accord de cessez-le-feu, couronné par la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Ces violences, souvent liées à l'exploitation des zones de pâturage et des ressources d'eau, ont fait le 14 mars dernier au moins 41 morts et des dizaines d'autres blessés dans l'Etat des Lacs, selon des sources locales et des ONG. Elles ont opposé des sous-clans Dinka, l'ethnie dont est issu le président sud-soudanais Salva Kiir. Mi-février, l'Etat de Jonglei et la zone administrative du Grand Pibor (est frontalier avec l'Ethiopie) ont connu des affrontements similaires, ayant mêlé plusieurs communautés (Lou Nuer, Dinka et Murle), faisant plusieurs morts et contraignant plus de 8 000 personnes à fuir leurs villages pour se réfugier dans un camp des forces de maintien de la paix des Nations unies à Pibor. "Les combats entre les communautés Dinka Bor, Lou Nuer et Murle à Jonglei, qui ont commencé à la mi-février, pourraient avoir été provoqués par des dirigeants politiques et traditionnels", selon les preuves collectées par l'ONU, soulignant que "ces derniers auraient mobilisé des jeunes armés et exploité des tensions communautaires préexistantes autour de l'accès aux ressources naturelles", lit-on dans un communiqué rendu public vendredi soir sur le site d'information onusien. "Cette vague de violence, qui s'inscrit dans un cycle d'attaques et de contre-attaques s'étalant sur des années entre ces groupes ethniques, a été déclenchée, comme elle l'a été par le passé, par des allégations selon lesquelles Murle aurait enlevé des enfants", explique pour sa part l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, dans un communiqué vendredi soir. D'autres Etats, notamment Warrap, Unity et le nord de Bahr el-Ghazal, vivent le même climat de violences, selon l'ONU. "L'augmentation du nombre et l'éventail d'armes utilisées par les clans rivaux, ainsi que l'incapacité apparente des autorités locales et nationales, y compris les forces de sécurité, à apporter une réponse, ont contribué à la montée de la violence", explique l'ONU, qui a exhorté vendredi par la voix de sa Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, les autorités de Juba à endiguer cette effusion du sang dans le pays. L'absence de gouvernants locaux contribue aussi à l'aggravation de ces violences armées, dont sont aussi victimes des femmes et des enfants, selon plusieurs sources. "Les victimes de violences sexuelles découlant de ces violences devaient également bénéficier d'un soutien médical et psychosocial approprié et tout devait être mis en œuvre pour réunir les enfants enlevés avec leur famille", estime Mme Bachelet.