La mission de maintien de la paix de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) a accusé vendredi l'armée sud-soudanaise de viols et actes de torture dans un Etat du pays frappé début 2012 par des massacres interethniques et aujourd'hui en cours de désarmement. "La Minuss est préoccupée par une récente augmentation de graves violations des droits de l'homme qui auraient été commises par des électrons libres de l'armée sud-soudanaise (SPLA) dans le comté de Pibor", dans l'Etat de Jonglei, dit-elle dans un communiqué. "Entre le 15 juillet et le 20 août, des équipes de surveillance de la Minuss ont fait état de violations présumées (des droits de l'homme), notamment d'un meurtre, de 27 accusations de torture ou mauvais traitement, comme des passages à tabac et des simulations de noyade, de 12 viols, de six tentatives de viols et de huit enlèvements," poursuit-elle. "La majorité des victimes sont des femmes, et dans certains cas des enfants," ajoute-t-elle. La SPLA contribue, dans le comté de Pibor, au processus de désarmement des civils, dont un nouveau cycle a été lancé après les massacres de fin décembre et début janvier. Quelque 6.000 jeunes hommes armés Lou Nuer avaient alors marché contre la localité de Pibor et ses environs, peuplés par leurs rivaux Murle. Selon l'ONU, plus de 600 personnes avaient été massacrées. Des représailles auraient ensuite porté le bilan à près de 900 morts. "Il y a eu d'importants progrès en matière de sécurité dans l'Etat de Jonglei depuis les violences intercommunautaires qui ont coûté la vie à des centaines de citoyens au début d'année," poursuit la Minuss dans son communiqué. "Les gains enregistrés dans le processus de paix à Jonglei ne doivent pas être sapés par ces récents incidents," ajoute Hilde Johnson, représentante spéciale de l'ONU pour le Soudan du Sud. Jeudi, l'organisation Human Rights Watch avait aussi exhorté l'armée sud-soudanaise à cesser ses violences contre les civils et appelé les autorités du pays à "enquêter sur le cycle de violences à Jonglei". Les rivalités interethniques sont l'une des principales menaces à la stabilité du jeune Soudan du Sud, indépendant depuis juillet 2011 du Soudan, avec qui il continue aussi d'entretenir des relations très tendues.