Ce n'est pas la première fois que le controversé général viole la trêve en Libye, où la pandémie de coronavirus risque d'ajouter son lot de victimes aux milliers de morts déjà engendrés par la guerre civile. Au moins un civil a été tué et ses deux enfants blessés dans des tirs nocturnes de missiles contre la capitale libyenne Tripoli, quelques heures seulement après que les parties en conflit ont annoncé un arrêt des hostilités, en réponse aux appels à une trêve humanitaire pour éviter la propagation de la pandémie de coronavirus en Libye. Les tirs de roquettes ont ciblé un quartier résidentiel de Kehili, à Aïn Zara, au sud de Tripoli, selon un communiqué de l'opération Volcan de la colère du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj, internationalement reconnu. "Mort d'un père de famille et ses deux enfants blessés dans la chute d'un obus sur sa maison, tiré par les milices du criminel de guerre Khalifa Haftar, après avoir annoncé une fausse trêve", lit-on sur la page facebook de l'opération Volcan de la colère du GNA. Réagissant à ces nouvelles violences, le GNA a déclaré dans un communiqué que "les agressions quotidiennes n'ont pas cessé contre les quartiers résidentiels et les structures publiques dans la capitale Tripoli, de la part des milices qui ont tué femmes et enfants". Le GNA avait répondu samedi favorablement à l'appel des Nations unies et de certains pays, dont l'Algérie, pour une trêve humanitaire, expliquant hier que "notre longue expérience confirme que le camp agresseur (en référence à Khalifa Haftar, ndlr) ne veut pas la paix et il ne reculera devant rien pour atteindre le pouvoir, même au prix de la vie de tous les Libyens". Tout en rappelant avoir respecté toutes les résolutions adoptées au niveau régional et international, pour une cessation des hostilités et une relance rapide du processus de dialogue politique, le GNA a lancé un appel en direction de la communauté internationale, lui demandant "d'assumer ses responsabilités" face à ces violations répétées des droits de l'homme en Libye et des agressions meurtrières de Haftar contre les civils à Tripoli, depuis le 4 avril 2019. Plus de 2000 personnes, dont des dizaines de civils, ont été tuées depuis cette date, qui a marqué le début d'une vaste opération militaire de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen, établies à Benghazi et Tobrouk. Plus de 15 000 blessés ont aussi été enregistrés selon un récent bilan, alors que le nombre de déplacés a dépassé 150 000 à l'intérieur de Tripoli et dans les villes voisines, soumises elles aussi au feu des raids aériens et terrestres de Khalifa Haftar. La semaine dernière, de nombreux appels ont été lancés à l'adresse des parties libyennes en conflit pour un cessez-le-feu immédiat, pour éviter une propagation de la pandémie du coronavirus. Outre celui de la mission de l'ONU en Libye, des ambassadeurs de plusieurs pays, dont l'Algérie, ont signé un appel conjoint dans ce sens, réaffirmant leur soutien à ce pays, estimant aussi qu'il est plus qu'urgent de reprendre les discussions politiques et sortir de ce conflit qui dure depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2011. Samedi soir, l'ONU s'est félicitée de la réponse favorable des Libyens pour une trêve humanitaire, mais son enthousiasme a été vite douché par ces raids nocturnes de Haftar sur Tripoli.