Le collège d'experts du comité scientifique du ministère de la Santé vient de donner le feu vert pour prescrire, sous surveillance médicale, le médicament de classe pharmaceutique antipaludéen chloroquine aux malades de forme sévère de Covid-19, en l'absence évidemment de contre-indications. En effet, les meilleures pistes de traitements expérimentaux contre le Covid-19 se sont taillés une place non négligeable dans la dernière note ministérielle datée d'avant-hier lundi 23 mars 2020. Pas moins de quatre pages du document du ministère ont été consacrées au tableau récapitulatif du traitement symptomatique et traitement associé à prodiguer aux patients de forme sévère de l'infection au coronavirus. C'est un protocole thérapeutique qui a fait, semble-t-il, ses preuves en Chine ; il se présente en deux alternatives, en fonction du profil épidémiologique et de la réaction du malade. La première piste proposée est ponctuée par la prescription de la chloroquine avec une dose de 500 mg et de l'hydroxychloroquine avec une dose de 200 mg. Il importe de savoir que la chloroquine est une ancienne molécule antipaludéenne aux propriétés à la fois anti-inflammatoires et antivirales. Rappelons que ce traitement est aussi prescrit pour les maladies inflammatoires chroniques, telles le rhumatisme et la polyarthrite. Un jeune médecin spécialiste exerçant au CHU Mustapha-Pacha, qui a requis l'anonymat pour la circonstance, se félicite de la décision audacieuse du ministère de la Santé. "C'est très audacieux de la part des autorités sanitaires puisqu'il s'agit de sauver des patients qui sont gravement atteints de l'infection", témoignera-t-il, avant de définir la dangerosité du Covid-19. "Le coronavirus agit dans la cellule et utilise les matériaux cellulaires pour se reproduire et se propager dans le reste du corps. Le rôle de la chloroquine dans un corps atteint de Covid-19 est d'empêcher le coronavirus de sortir de la cellule pour ne pas infester les voies respiratoires", dira-t-il. Pour notre interlocuteur, la prescription du médicament en question reste tributaire de l'avis du collège des médecins soignants, puisque ces comprimés ont des effets secondaires. Par conséquent, il est interdit de le prodiguer pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque, de tension artérielle ou de pathologies oculaires. Il n'est pas recommandé de le proposer pour les cas de formes légères de Covid-19, puisqu'il est considéré comme toxique. Dans le cas de la deuxième solution de traitement proposée, les experts du comité scientifique ont prévu pour les cas graves exclus de la "chloroquine" d'utiliser des molécules antivirales destinées aux infections virales connues, tels le sida et l'hépatite. Il est question donc de Lopinavir/Ritnovir en comprimés 200/50 mg. Selon les autorités sanitaires, ces traitements sont disponibles en quantité suffisante pour les prescrire, si les essais cliniques s'avèrent probants. Cette thérapie "magique", qui fait l'objet d'un débat d'experts à l'échelle planétaire, n'est pas encore recommandée par l'OMS en raison de ses contre-indications. Mais l'espoir reste tout de même permis pour les cas compliqués placés en réanimation, en attendant la découverte d'une thérapie vaccinale qui délogerait et détruirait le Covid-19.