Jusqu'à hier, le monde avait du mal à croire que les images des ravages de l'ouragan provenaient des Etats-Unis d'Amérique. Le gouvernement américain fait l'objet de vives critiques pour la gestion de cette catastrophe. L'administration de George Bush a promis de reprendre le contrôle de la Nouvelle-Orléans, en proie à l'anarchie depuis le passage de l'ouragan Katrina. Affirmant parler au nom du président américain George Bush, le procureur général de la Nouvelle-Orléans, Jim Letten, a déclaré que la police et le parquet comptaient bien identifier et traduire en justice les petits groupes de criminels responsables de crimes “horribles” commis ces derniers jours dans la ville sinistrée. Une vague de pillages a frappé depuis lundi la Nouvelle-Orléans dans le sillage de l'ouragan Katrina. Des rescapés de l'ouragan ont fait état de viols, d'agressions brutales et de meurtres commis dans les abris ayant accueilli des réfugiés, tels le stade de football du Superdome et le centre de conférences de la ville. Devant cette situation catastrophique, les critiques pointant la réponse tardive et insuffisante du président américain George W. Bush après le passage du cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis font écho aux diatribes dont il avait fait l'objet après le tsunami en Asie et sur la guerre en Irak. Des voix se sont élevées pour s'interroger sur les raisons de ce retard, sur le nombre insuffisant de soldats pour maintenir l'ordre ou encore sur la trop grande confiance accordée par le président aux comptes-rendus émoussés de la situation dressés par ses hauts conseillers alors que la situation sur le terrain se dégradait d'heure en heure. Des parlementaires et des responsables locaux ont qualifié la réaction initiale de Washington de “honte nationale” et fustigé une réponse trop faible et trop lente à cette catastrophe humanitaire. Selon la chaîne de télévision CNN, des responsables américains ont fait des évaluations très favorables sur les opérations de secours, en complet décalage avec la réalité dans les régions dévastées du sud des Etats-Unis, notamment à la Nouvelle-Orléans inondée à 80% et en proie au chaos. Deux sénateurs ont annoncé vendredi une enquête sur la lenteur des secours, avec en ligne de mire la Fema, l'agence fédérale chargée des situations d'urgence, et le département à la Sécurité nationale. Le président américain, interrogé sur les raisons pour lesquelles l'unique superpuissance mondiale n'a pas réagi au quart de tour à la catastrophe naturelle, a estimé vendredi que son administration avait réagi rapidement. “Je suis satisfait de la réponse mais je ne suis pas satisfait des résultats”, a-t-il dit. Les attaques lancées contre M. Bush rappellent les controverses sur sa réaction tardive, alors qu'il se trouvait en vacances de Nokl au Texas, après le tsunami qui a frappé l'Asie du sud-est le 26 décembre 2004. Des photos montrant le président posant, le 30 août, avec un chanteur de country et une guitare offerte, apportent de l'eau au moulin des critiques qui jugent que M. Bush n'a pas pris la mesure du désastre alors que des responsables politiques estimaient que le bilan des morts se chiffrerait par centaines. “La question de fond est qu'il doit se montrer beaucoup plus impliqué, beaucoup plus concerné, beaucoup plus en phase avec la réalité sur le terrain. Il n'aurait pas dû se laisser photographier avec une guitare”, a dit l'assistant d'un parlementaire républicain. M. Bush s'est rendu vendredi dans les régions dévastées, au 5e jour du désastre, et il prévoit d'y retourner lundi. Aucun bilan officiel précis sur le nombre de morts n'a été communiqué. Le cyclone Katrina pourrait avoir fait plus de 10 000 morts en Louisiane, a déclaré vendredi un sénateur de cet Etat, le républicain David Vitter. L'impact de Katrina pourrait être désastreux pour la cote de popularité de M. Bush, déjà en chute en raison de sa gestion de la guerre en Irak et de la hausse vertigineuse des prix de l'essence. K. ABDELKAMEL/Agences