La mise sous mandat de dépôt du journaliste a soulevé une vague d'indignation et de dénonciations. Le journaliste Khaled Drareni a été arrêté vendredi soir à son domicile en perspective de l'exécution du mandat de dépôt émis contre lui par la chambre d'accusation près la Cour d'Alger le 25 mars dernier. Arrêté le 7 mars alors qu'il filmait la répression policière contre des manifestants aux abords de la place Maurice-Audin, le fondateur du site électronique Casbah-Tribune a été placé sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger), après avoir passé trois nuits en garde à vue au commissariat Cavignac, en compagnie des activistes Samir Belarbi, Slimane Hamidouche et Toufik Hassani. Ils sont (à l'exception de l'ancien policier) accusés d'atteinte à l'unité nationale et incitation à attroupement non armé. La nouvelle de la mise sous écrou du journaliste a suscité une vague d'indignation au sein de la corporation, de l'opinion publique nationale et parmi les organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse. Une pétition, initiée hier par les journalistes puis élargie aux citoyens, a été largement signée. Le texte précise que "les faits reprochés à Khaled Drareni lors des différents interrogatoires qu'il a subis et dont il a rendu publiquement compte sont liés exclusivement à l'exercice de sa profession". Il rappelle aussi : "L'article 50 de la Constitution garantit la liberté de la presse et bannit l'emprisonnement de journalistes pour un délit de presse, même si dans le cas de Khaled Drareni ce délit est maquillé derrière l'accusation infondée." Le fils de Maurice Audin a appelé, hier, sur les colonnes du quotidien français L'Humanité, à la libération du journaliste. "Il est urgent que Khaled Drareni soit libéré et que cesse le harcèlement qu'il subit de la part de la police et de la justice algérienne", en poursuivant qu'"au lieu de vider les prisons pour y empêcher la diffusion du Covid-19, on les remplit avec les opposants pacifiques ou avec des journalistes indépendants". Reporter sans frontières (RSF), dont Drareni est correspondant à Alger, a dénoncé, dans un tweet, "l'utilisation éhontée du Covid-19 par le régime algérien pour régler ses comptes avec le journaliste libre et indépendant". L'ONG Human Rights Watch a abondé dans le même sens en jugeant scandaleuse la promptitude du pouvoir algérien "à profiter que le monde soit occupé par le coronavirus pour accélérer la répression du hirak. Un tribunal vient de décider que le journaliste Khaled Drareni ira en détention préventive en attendant un procès déjà illégitime". Pour le président du RCD, "après la criminalisation de l'opinion et de l'action politique, la façade civile du pouvoir militaire intensifie sa répression de la liberté de la presse". Le membre de la direction du Parti des travailleurs, Ramdane Youcef Taazibt, a publié sur son compte Facebook vendredi soir : "Khaled Drareni emprisonné dès demain ? Scandaleux. La politique et la presse ne sont pas des crimes."