Sur les trente-deux personnes arrêtées samedi au cours de la marche violemment réprimée, vingt-huit ont été relâchées dans la matinée d'hier, après leur présentation devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Les manifestants interpellés, accusés d'incitation à attroupement non armé, ont reçu des convocations pour une comparution directe les 14 et 26 avril prochain. Le journaliste Sofiane Hadaji et l'activiste Sofiane Houfil ont été les premiers à sortir libres du tribunal d'Alger-Centre après leur audition par le procureur. Ils seront suivis par d'autres, dont Hamidou Garidi et son fils Hassan. Quatre autres prévenus n'ont pas connu le même sort. Interpellés et placés en garde à vue la veille, dans les mêmes conditions et pour des chefs d'inculpation identiques que les 28 autres, le journaliste Khaled Drareni, l'ex-policier Toufik Hassani et les activistes Samir Belarbi et Lyès Hamitouche ont été reconduits, dans l'après-midi, au commissariat de Cavaignac pour y passer une deuxième nuit en garde à vue. Le procureur de la République a invoqué un complément d'enquête, sans fournir la moindre information ou explication aux avocats. Il a reporté, en conséquence, sa décision à ce lundi. La nouvelle a consterné les nombreux journalistes et militants mobilisés à la rue de la Liberté longeant l'arrière-façade du Palais de justice, en soutien à Khaled Drareni, arrêté alors qu'il assurait une couverture de la manifestation du 3e samedi. Ils ont scandé : "Justice libre, presse indépendante", "Le journalisme n'est pas un crime" ou encore "Libérez Khaled Drareni". Vers 10h30, des animateurs du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), des militants du RAJ et des activistes du hirak sont arrivés en renfort. Fodil Boumala, qui est allé directement vers les parents de Khaled Drareni, leur dira : "C'est le régime qui est en crise, pas nous. Ne vous inquiétez pas. Il s'en sortira." Quelques instants plus tard, Zakaria Boussaha a été exfiltré de la foule et embarqué dans un fourgon cellulaire pour avoir brandi l'emblème amazigh. Les manifestants ont immédiatement scandé des slogans hostiles au régime et à la justice. La colère monte d'un cran dans la ruelle, quand le verdict dans l'affaire des deux jeunes hommes, poursuivis pour avoir poussé un policier du toit d'un véhicule de la Sûreté nationale en mai 2019, tombe. Saeddedine Youcef Islam et Zohir Houari écopent de quatre ans de prison ferme. Par ailleurs, Yasmine Si Mohand-Hadj et Hamid Hamadache, condamnés à deux mois d'emprisonnement avec sursis, ont quitté la maison d'arrêt d'El-Harrach hier.