Le parti a retenu ce principe “jusqu'au prochain congrès”. Les travaux du conseil national du Mouvement démocratique et social (MDS) ont été très mouvementés ce jeudi. L'ombre de El-Hachemi Chérif, leader du MDS décédé dernièrement, a plané sur les travaux de ce conseil, le premier tenu après sa mort. “Nous sommes un peu orphelins aujourd'hui sans El-Hachemi”, a résumé un militant de Annaba, non sans critiquer la déclaration du bureau national, intitulée “Une charte qui perpétue la menace contre la paix et la stabilité”, du 23 août dernier. Dans son allocution d'ouverture, Hocine ali, Sg par intérim, a d'ailleurs fait référence à cette déclaration “exprimant la position du MDS” sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, notant qu'elle n'a pas été “suffisamment médiatisée”. Il a également fait part d'une “majorité” pour le non au référendum du 29 septembre prochain au sein du conseil national du MDS, relevant aussi que “certains militants sont pourtant pour la participation au référendum”. Au cours des débats pour le moins passionnés et qui ont duré près de 9 heures, des divergences sont apparues sur la position du Mouvement démocratique et social par rapport au référendum et aux élections partielles du 24 novembre prochain. Des divergences sur le fond et sur la forme, reconnues indirectement par le responsable par intérim, dans son intervention. La plupart des participants ont qualifié le texte de “dangereux”, “suicidaire”, voire de “grave dérive”. Ils ont dénoncé avec force la fermeture des médias lourds aux autres sons de cloche : “Les partisans du non.” “Le pouvoir veut se placer comme arbitre pour éviter de faire son autocritique sur la genèse du terrorisme”, a déclaré Hocine Ali, en rappelant la position de sa formation : “Nous avons dit que l'islamisme politique constitue une béquille pour le système.” Seuls deux militants de Annaba ont clairement souligné que le projet de charte “rejette l'islamisme politique” et “ferme la porte à l'Etat islamique”. Seulement, l'un l'a rejeté et l'autre s'est déclaré “partisan de ce projet”. Ces analyses ont suscité un débat passionné, beaucoup d'interventions et d'interrogations, et provoqué parfois des suspicions et des susceptibilités. Résultat, les militants de Annaba n'ont pas rejoint les travaux dans l'après-midi. Quant au point relatif aux partielles, il a aussi opposé une minorité favorable à la participation du MDS, quitte à envisager celle-ci “au cas par cas”, à une majorité qui les a rejetée. Laquelle majorité a usé de plusieurs arguments : “fidélité à la position de principe du MDS”, “situation de recul des démocrates”, “instabilité entretenue dans l'initiative électorale”, “lien étroit entre le projet de charte et les élections” et “priorité à la construction et à la consolidation du parti”. Les travaux du conseil national se sont achevés vers 20h, les positions prises “par consensus” sont les suivantes : rejet de la charte pour la paix et la réconciliation, rejet du référendum du 29 septembre et rejet des élections partielles. Il est à souligner qu'il y a eu “des pratiques un peu malsaines” et des tentatives d'écarter certains militants qui accompagnent encore le mouvement citoyen. L'un d'eux, Hamid Ferhi, membre du bureau national, s'est opposé à l'idée de le faire taire. “Je me soumettrai à la majorité à condition que cela devienne une règle à l'avenir”, avait-il alors menacé. Finalement, il a été retenu le rejet des élections partielles “jusqu'au prochain congrès du MDS” prévu les 22 et 23 décembre prochain. Toutes les questions des militants de ce parti se rapportant, notamment au travail sur le terrain, à l'implication du mouvement dans la campagne de rejet et à la nature de la lutte actuelle, sont restées sans réponse. Par ailleurs, des craintes quant à l'utilisation actuelle du “cadavre” islamiste par le pouvoir ont été exprimées. Des militants ont en outre interpellé l'assistance sur la nécessité de poursuivre le débat pour dégager “une alternative”, d'autant que “la voie de la transition paraît plus aléatoire” aujourd'hui. “Quel que soit le résultat du référendum, le MDS sera interpellé. Aujourd'hui, il faut créer un cadre de débat, qui sera un cadre pour les forces patriotiques et démocratiques”, a suggéré Yacine Teguia, membre du bureau national. Les responsables du MDS comptent organiser prochainement une conférence de presse, afin d'expliciter leurs positions. Un hommage sera consacré, le 15 septembre prochain, à El-Hachemi Chérif qui sera, selon Hocine Ali, “un moment politique dans la vie du MDS”. HAFIDA AMEYAR