Le gouvernement d'union nationale (GNA) a dénoncé hier, à travers le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, les propos "timorés" du coordinateur de l'ONU en Libye qui feint d'ignorer les véritables auteurs de la coupure d'eau et d'électricité. Plus de deux millions de Libyens sont toujours privés d'eau et d'électricité, depuis une semaine, dans la capitale et ses alentours, après la fermeture par les forces du général à la retraite Khalifa Haftar de la principale ligne d'alimentation en eau de Tripoli. Le gouvernement d'union nationale (GNA), a accusé l'armée de Khalifa Haftar d'être derrière cette "entreprise criminelle" contre des millions de personnes, dont 600 000 enfants, alors que plusieurs structures de santé ont été récemment la cible de bombardements menés par l'armée de Haftar. Ces actes criminels surviennent au moment où le pays tente de lutter contre la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus. Hier, plusieurs associations de la société civile ont prévenu contre une "crise humanitaire sans précédent" si l'eau et l'électricité ne sont pas rétablies. "En plus de l'intensification des bombardements visant la capitale, touchant des hôpitaux, les troupes du général Haftar, ont commis un autre acte criminel et inhumain en coupant la ligne d'eau qui alimente la capitale et la région de l'Ouest", ont dénoncé ces associations, tout en appelant la communauté internationale à agir rapidement pour "éviter au pays une énième crise humanitaire dont les conséquences peuvent être désastreuses". La commission de Tripoli, une association active de la capitale, a qualifié, dans un communiqué, ces coupures d'eau et d'électricité "d'actes criminels survenant dans des circonstances critiques au moment où le pays lutte contre la pandémie de coronavirus". Cette association a appelé le Conseil présidentiel du gouvernement dirigé par Fayez al-Sarraj à prendre "des mesures urgentes et fermes pour punir les criminels pour avoir privé plus de la moitié de la population libyenne d'eau". L'ONU, à travers son coordinateur humanitaire en Libye, Yakoub El-Hillo, a dénoncé samedi ces coupures d'eau et d'électricité les qualifiant d'"arme de guerre". Une dénonciation jugée hier "insuffisante et timorée", par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du GNA. "Le coordonnateur humanitaire de l'ONU décrit ces crimes comme étant des actes individuels, alors qu'il est admis et prouvé que les milices de Khalifa Haftar sont derrière ces sabotages criminels et dont les conséquences ne peuvent qu'être désastreuses", s'est insurgé le GNA, à travers le porte-parole des affaires étrangères. Pour ce dernier, "dire qu'il s'agit d'actes individuels équivaut à un acquittement direct des ordonnateurs et des instigateurs de ces délits". Le porte-parole des Affaires étrangères a rappelé en outre que la mission de l'ONU en Libye, elle-même, avait été ciblée par les bombardements menés par les troupes de Khalifa Haftar. Karim Benamar