Des milliers de militaires et secouristes se déployaient, hier, dans les rues inondées et jonchées de cadavres de La Nouvelle-Orléans, dévastée par le cyclone Katrina, pour lequel on de disposait pas de réel bilan de victimes, six jours après son passage. Les deux principaux centres où s'étaient massées depuis lundi des dizaines de milliers de personnes dans des conditions devenues insupportables, le stade Superdrome et le Centre des Conventions, sont désormais vides, évacués par autocar, puis par avion. Cette évacuation a été compliquée par un tireur fou qui a ouvert le feu sur des centaines de personnes qui attendaient de monter dans les cars, les obligeant à se jeter par terre. Cette évacuation ne signifie pas que la ville soit vide. Des centaines, peut-être des milliers de personnes y sont présentes. Avec la baisse du niveau de l'eau, “on commence à voir réapparaître des personnes restées chez elles et cherchant de l'aide”, a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Michael Chertoff. Les premiers des 17.000 militaires — 7 000 soldats et 10 000 Gardes nationaux — envoyés en renfort étaient arrivés vendredi à La Nouvelle-Orléans. “La 82e division aéroportée est sur le terrain à La Nouvelle-Orléans”, a annoncé le porte-parole de cette unité d'élite. Avec ces renforts, c'est plus de 50.000 hommes — 11.000 militaires et près de 40 000 Gardes nationaux — qui devraient se retrouver sur le terrain pour aider les survivants. Dans l'aéroport, un bâtiment transformé en hôpital improvisé, accueille blessés ou malades, amenés en hélicoptères, au rythme de 10 par minute, et des équipes médicales les examinent pour décider de leur évacuation. Selon l'armée américaine, un total de 42 000 sinistrés ont été évacués de La Nouvelle-Orléans, dans le plus grand pont aérien intérieur de l'histoire américaine. Le nombre total de personnes à évacuer évalué entre 60 000 et 80.000 pourrait s'avérer erroné. “La situation s'améliore d'heure en heure. L'énormité de la tâche demande davantage de moyens et de ressources”, avait déclaré vendredi le président Bush, annonçant l'envoi de militaires supplémentaires. Le passage d'un cyclone suivi par l'inondation de la Nouvelle-Orléans a eu l'effet d'une “bombe atomique” sur les plans d'évacuation d'urgence gouvernementaux, a déclaré M. Chertoff, tentant de justifier la lenteur de la réaction gouvernementale. Dans l'Etat du Mississippi, très touché par le cyclone, les sauveteurs allaient tenter de retrouver les victimes de Katrina. 100 milliards de dollars de dégâts ? Près de 600.000 foyers en Louisiane et dans le Mississippi étaient toujours privés d'électricité samedi. Le coût total des dégâts pourrait atteindre 100 milliards de dollars. Une première aide d'urgence de 10,5 milliards de dollars a été débloquée vendredi par le Congrès. Le bilan des pertes humaines reste inconnu. Les secouristes en Louisiane ont ouvert une morgue et commencent à recueillir et identifier les cadavres. Les seuls chiffres officiels font actuellement état de 134 morts dans le Mississippi, de 13 en Floride et en Louisiane, et de 14 pour le seul Superdome de la Nouvelle-Orléans. Mais d'innombrables corps flottaient toujours dans les rues de la Nouvelle-Orléans où étaient entassés dans des maisons inondées, brûlées ou effondrées. Le président Bush retournera dans la région aujourd'hui. Il a annulé une rencontre prévue mercredi à Washington avec son homologue chinois Hu Jintao. De l'étranger, les offres de secours affluents. La Croix-Rouge française a annoncé le départ de 18 logisticiens en réponse à une demande de la Croix-Rouge américaine. La branche irakienne du réseau terroriste Al Qaïda, dirigée par Abou Moussab al Zarqaoui, s'est félicitée, sur un site islamiste, des dégâts causés par Katrina, y voyant le “début de l'effondrement” des Etats-Unis. R. I. /Agences