Devant l'ampleur des dégâts, l'Administration Bush revoit sa précédente position et accepte désormais les secours internationaux. Parmi les pays donateurs, le Bangladesh offre un million de dollars. Plus d'une semaine après le passage de l'ouragan qui a durement touché la Louisiane, le président US cherche à améliorer son image ternie par les erreurs d'appréciation de son gouvernement. En effet, outre l'envoi de secours à la Nouvelle-Orléans, George Bush a décrété un deuil national de deux jours à la mémoire des nombreuses victimes de cette immense tragédie. Le patron de la Maison-Blanche a mis à profit le décès du président de la Cour suprême des Etats-Unis pour prendre cette mesure, dans l'espoir de se faire pardonner son manque de discernement et de promptitude à agir au cours des premiers jours qui ont suivi la catastrophe. Sur le terrain, les équipes de secours intervenant dans un quartier encore inondé de La Nouvelle-Orléans, dévastée après le passage du cyclone Katrina, récupèrent de plus en plus de cadavres, alors que les quelques survivants qu'elles croisent refusent d'être évacués. Dans la 9e circonscription de la ville, les bateaux des secouristes croisent des dizaines de corps flottant dans l'eau boueuse. Un homme est encore pendu à un arbre, sur lequel il a grimpé pour tenter d'échapper à la montée des eaux, après que les digues aient rompu le 30 août, sous l'effet des pluies torrentielles qui ont accompagné le cyclone. Sept jours après la pire catastrophe naturelle de l'histoire des Etats-Unis, le secrétaire à la Sécurité intérieure américaine s'est refusé à évaluer le nombre de morts, qui pourrait dépasser les 10.000, selon un parlementaire américain. Jusqu'à maintenant, le bilan officiel provisoire s'établit à 218 morts, dont 152 morts au Mississippi, l'Etat le plus durement touché avec la Louisiane, et 59 à la Nouvelle-Orléans. “Si vous voulez aider, aider le pays à guérir après cette catastrophe, s'il vous plaît, donnez de l'argent à la Croix-Rouge”, a demandé George Bush à ses compatriotes en visitant le siège de cette institution à Washington. Il a également demandé des dons de sang. En guises de réponse aux nombreuses critiques dont a fait l'objet le gouvernement américain, une enquête parlementaire a été créée. Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat et seule membre noire du cabinet Bush, et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld se sont rendus dimanche dans les zones sinistrées. Il y a lieu de noter que 51% des Américains estiment que la réponse du gouvernement à la situation a été “pauvre” ou “pas si bonne que ça”, 48% jugent que le gouvernement fédéral a répondu de manière “excellente” ou “bonne”, selon un sondage Washington Post/ABC. La communauté noire, principale victime du cyclone, reste sous le choc. “Les gens de couleur ont été décrits comme des voleurs, des pillards et des voyous”, a dénoncé Bruce Gordon, président de l'Association nationale pour la promotion des gens de couleur (Naacp). Les premiers des 17.000 militaires — 7.000 soldats et 10.000 membres de la Garde nationale — envoyés en renfort sont arrivés samedi en fin d'après-midi à La Nouvelle-Orléans. Avec ces renforts, c'est plus de 50.000 hommes — 11.000 militaires et près de 40.000 gardes nationaux — qui devraient se retrouver à pied d'œuvre sur le terrain en début de semaine prochaine. Un ballet incessant d'hélicoptères continuait à survoler les zones dévastées qui pour évacuer, qui pour jeter de l'eau potable et de la nourriture à des victimes encore bloquées dans leur maison. K. ABDELKAMEL/Agences