Les syndicats sont divisés sur le report au mois de septembre de l'examen du baccalauréat. Les syndicats de l'éducation nationale seront reçus aujourd'hui par le premier responsable du secteur pour une réunion de concertation visant à accorder les violons des différents partenaires sociaux sur la façon d'appréhender une fin d'année scolaire inédite. Les organisations syndicales se sont déjà penchées au sein de leurs instances sur les propositions à formuler à cette occasion, notamment sur la poursuite ou non de l'année scolaire et la tenue des examens des fins de cycles (5e AP, BEM et bac) en cas de levée du confinement sanitaire ou de sa prolongation au delà du 29 avril prochain. Ces propositions se rejoignent globalement dans le calcul de la moyenne des 1er et 2e trimestres pour les trois cycles d'enseignement — l'équivalent de 80% des programmes scolaires — et d'annuler le troisième trimestre. La majorité des syndicats rejette le retour des élèves à la scolarité si le déconfinement était décidé par les autorités. S'agissant ensuite des examens et mis à part la suppression de l'examen de la 5e AP qui revient avec insistance, les syndicats demandent à décaler au mois de juin l'examen du BEM, mais restent divisés au sujet du report du baccalauréat au mois de septembre. Ainsi, le porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, a préconisé une démarche graduelle et recommandé de ne pas se précipiter dans la prise de décision, en arguant que "l'année scolaire est presque sauvée, avec les 1er et 2e trimestres". "On a avancé presque à 75% des programmes scolaires", a-t-il précisé. Ainsi, d'après lui, si la crise sanitaire venait à se dégrader et que le confinement était prolongé, il sera question de prendre "des décisions claires". Mais si les chiffres du mois de mai démontraient une régression de la pandémie, "d'autres décisions s'imposent", a-t-il souligné. Pour Sadek Dziri, le président de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de formation (Unpef), s'il y a un retour à la normale au niveau de la situation sanitaire, "la reprise sera dédiée à la préparation psychologique des élèves, à la révision et à la poursuite des programmes". Selon lui, il est aussi souhaitable que les élèves soient dispensés de certains examens, notamment de l'examen blanc du baccalauréat, mais aussi des cours pour les élèves de la 1re année jusqu'à la 4e année du cycle primaire, de la 1re à la 3e année moyenne et ceux des 1re et 2e années secondaires. Ainsi, dit-il, les écoles devraient accueillir uniquement les élèves de fin de cycle moyen (4e AM) et de fin de cycle secondaire 3e AS. Pour sa part, le président du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CLA), Zoubir Rouina, a estimé que deux probabilités sont permises. D'abord, si la décision est prise de prolonger le confinement au delà de 10 jours, "cela nous rapproche de la période des chaleurs et rend ainsi impossible d'organiser les examens du BEM et du baccalauréat, surtout pour les élèves du sud du pays, où la rentrée a lieu d'habitude en septembre, voire même en octobre", a-t-il indiqué. Et, "même s'il y aura d'ici là un retour à la normale sur le plan sanitaire, d'autres considérations sont à prendre en compte". "Est-ce que les parents auront confiance pour envoyer leurs enfants à l'école ? Est-ce que les mesures sanitaires seront respectées (bavettes, gants etc.) ?", s'est-il interrogé. Mais, pour le syndicat, la décision qu'il cautionnera est celle "qui assurera en premier lieu la santé des élèves et celle des enseignants". Bien que le déconfinement soit dans l'air dans nombre de secteurs, notamment économique, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura reste dubitatif quant à la possibilité de pouvoir reprendre l'enseignement dans les écoles au lendemain du 29 avril. Et ce, au regard, indique-t-il, de la situation sanitaire actuelle, et du manque de préparation et de moyens (bavettes, gants et solution hydro-alcoolique) au niveau des écoles, qui dépendent des APC, elles mêmes, dans leur majorité, déficitaires à hauteur de 1 300 sur 1 451 APC. De l'avis de l'Association des parents d'élèves (ANPE), les hypothèses les plus plausibles pour mettre fin au suspense actuel, consistent d'abord à un "calcul de la moyenne des 1er et 2e trimestres au niveau des trois cycles avec la possibilité de suppression de l'examen de la 5e AP". Quant au BEM, "il se pourrait qu'il soit décalé au mois de juin, en maintenant les cours durant les mois de mai et juin, afin de récupérer un tant soit peu du programme du troisième trimestre", a précisé le président de l'ANPE, Khaled Ahmed. Et ce, contrairement à l'examen du baccalauréat dont il demande le report au mois de septembre prochain.