La Turquie, soutien du gouvernement reconnu de Tripoli, insiste depuis plusieurs semaines déjà sur une implication de l'Otan. Le secrétaire général de l'Organisation de l'Alliance atlantique (Otan), Jens Stoltenberg, a réaffirmé, samedi soir et deux jours après son entretien dans un journal italien, sa disponibilité à apporter son soutien au Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli), reconnu par la communauté internationale. "L'Otan était toujours prête à aider la Libye à renforcer ses institutions de défense et de sécurité", a affirmé M. Stoltenberg au chef du GNA, Fayez al-Serraj, dans un appel téléphonique "à la demande du Premier ministre (libyen), pour discuter de l'évolution de la situation en Libye", lit-on dans le communiqué diffusé sur le site de cette organisation samedi soir. M. Stoltenberg évite toutefois de faire référence à une éventuelle intervention militaire dans ce pays, expliquant que "l'assistance de l'Otan à la Libye tiendra compte des conditions politiques et de sécurité", lit-on encore dans son communiqué. Jeudi, dans un entretien qu'il a accordé au quotidien italien La Repubblica, M. Stoltenberg a affirmé que son organisation soutient les efforts de paix de l'ONU en Libye, mais "cela ne signifie pas que nous pouvons mettre dans le même sac le gouvernement Al-Serraj, reconnu par l'ONU, et (Khalifa) Haftar". Et d'ajouter : "L'Otan compte 30 alliés et nous pouvons avoir des divergences sur de nombreux sujets, cependant Ankara est un membre important de l'Alliance." Ce qui peut être interprété comme un soutien à l'intervention turque aux côtés du GNA et que la Grèce, rival d'Ankara, voit d'un mauvais œil, affirmant par la voix de son ministère des Affaires étrangères que "les Etats membres de l'Otan doivent accepter à l'unanimité les décisions de politique étrangère" de cette organisation. La Turquie insiste depuis plusieurs semaines déjà sur une implication de l'Otan. "Dans l'étape suivante (après le cessez-le-feu, ndlr), Haftar doit être arrêté. Ceux qui le soutiennent doivent être arrêtés", a déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, lors d'un point de presse à Ankara, ajoutant que "l'Otan devrait jouer un rôle important à cet égard". Mais en raison des conditions politiques et sécuritaires actuelles, comme l'a évoqué Jens Stoltenberg, de l'opposition de la Grèce et éventuellement d'autres pays membres, toute intervention militaire de l'Otan en Libye risque de provoquer un enlisement du conflit, en suscitant une réaction hostile d'une partie des Libyens, eux-mêmes. L'épisode de son intervention en 2011, pour déloger le défunt guide libyen Mouammar Kadafi du pouvoir, est toujours dans la mémoire des Libyens, qui accusent l'Otan d'avoir plongé leur pays dans le chaos et l'anarchie. Dans son communiqué, le GNA a évoqué l'échange téléphonique entre Al-Serraj et Stoltenberg qui "a exprimé la préoccupation de l'Alliance quant à la présence de mercenaires russes de Wagner, qui ont combattu avec l'agresseur", Khalifa Haftar. Autrement dit, le soutien politique de l'Otan au GNA est loin d'être un simple appui de cette organisation à la légalité internationale, mais il entre aussi dans cette logique de lutte à distance entre l'Otan et la Russie et qui remonte à l'époque de l'Union soviétique.