Voilà qui met fin à une longue période de bras de fer avec le pouvoir central : le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, après avoir longtemps entretenu le flou, a décidé finalement de participer aux élections partielles prévues en Kabylie le 24 novembre prochain. La décision, du reste dans l'air depuis quelques jours déjà, sera entérinée ce jeudi lors du conseil national extraordinaire du parti prévu à Alger. “La tendance lourde est favorable à la participation. On a même confectionné des listes au niveau de certains endroits. Nous attendons juste les rapports de synthèse des conseils fédéraux, mais on peut dire qu'on est partant à 80%”, a t-on appris dans l'entourage du parti. Les conseils fédéraux de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira devaient, en effet, terminer leurs rapports aujourd'hui, lesquels devraient être soumis à la plénière de demain. Cette participation du FFS est motivée essentiellement, selon la rhétorique de ses responsables, par le souci de ne pas laisser la gestion locale à la merci de la “maffia”. Au FFS, on soupçonne, c'est du moins l'argument avancé pour justifier sa participation, que le recours des pouvoirs publics à la dissolution des assemblées locales, en dépit de son caractère illégal, obéit à un schéma bien établi : “Installer dans la région la clientèle du pouvoir grâce à l'argent de la corruption pour disqualifier définitivement les partis fortement implantés dans la région.” “Les gens comprendraient mieux aujourd'hui pourquoi on a procédé à la dissolution des assemblées locales à la veille du référendum sur la réconciliation : le pouvoir ne peut s'accommoder d'un pouvoir local entre les mains des voix hostiles à sa démarche”, explique-t-on. Ceci dit, au FFS on n'exclut pas que la compétition s'annonce ardue face, notamment à la clientèle et aux relais du pouvoir. “Ils bénéficient de tous les moyens et de l'argent nécessaire pour mener une campagne au moment où tout est fermé pour l'opposition.” D'ailleurs, en guise d'arguments, il rappelle que les demandes introduites pour l'obtention des salles afin d'animer des meetings contre la charte pour la paix et la réconciliation sont restées jusque-là lettre morte. À se fier à certaines sources, des instructions auraient été même adressées à toutes les communes pour ne pas accorder d'autorisation aux partis hostiles à la charte pour la paix et la réconciliation. Et pour contourner ces blocages, le FFS entend mener une campagne de proximité, tandis que son leader qui sera à Paris le 21 septembre prochain s'apprête à faire des sorties médiatiques. Sur un autre plan, à la veille de la session de l'ONU qui verra chaque pays présenter un bilan détaillé sur sa situation économique et sur l'état du respect des libertés, le FFS organise à Alger une rencontre-débat ayant pour thème la sécurité économique et sociale de l'Algérie. Animée par M. Mohand-Amokrane Chérifi, expert auprès des organisations internationales, et d'autres cadres gestionnaires et syndicaux, cette conférence se veut, selon toute vraisemblance, un tableau contradictoire avec celui qu'aura à présenter probablement l'Algérie officielle devant la communauté internationale. KARIM KEBIR