L'idée d'une reconfiguration du champ politique en Kabylie a germé en 2001. Le Front des forces socialistes n'a pas tari de critiques envers les démarches actuellement initiées par le pouvoir. Pour le FFS, il existe un lien de cause à effet entre le référendum sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale prévu la fin du mois en cours, les élections partielles qui auront lieu en novembre prochain et la reconfiguration du champ politique en Kabylie. «(...) Il est visé de planter le décor pour la recomposition du champ politique et social dans la région de Kabylie réputée frondeuse», a rapporté une déclaration rendue publique à l'issue du conseil national du parti qui s'est réuni jeudi dernier. L'idée d'une «reconfiguration du champ politique en Kabylie» qui a germé en 2001, a été attribuée par certains milieux politiques au général en retraite Mohammed Touati qui était, avant sa démission il y a un mois, conseiller militaire à la présidence de la République. Dès les premières semaines du déclenchement des événements du Printemps noir de Kabylie en 2001, le FFS s'est frontalement opposé au mouvement des archs. «Les archs sont une création des moukhabarates (les services Ndlr)» avait déclaré le leader du plus vieux parti d'opposition, Hocine Aït Ahmed à partir de la Suisse. Dans sa tentative de réaffirmer sa suprématie dans la région de Kabylie «en quasi-rébellion», le FFS a subi un semi-échec lors des élections municipales du mois d'octobre 2002. Lesquelles élections ont été dénoncées et rejetées par le mouvement des archs qui se trouvait au plus fort de sa mobilisation. Le gouvernement Ouyahia a fini par accéder à la demande du mouvement citoyen. Il a récusé les «indus élus» et programmé des élections partielles durant la deuxième semaine du mois de novembre. Une consultation électorale qui sera d'ailleurs précédée par le référendum sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Si le FFS s'en remet à ses conseils fédéraux qui vont décider de la participation ou non à ces partielles, en revanche, il a déjà rejeté le référendum. Arguments à l'appui, il explique dans la déclaration qui a sanctionné les travaux du conseil national du parti, les raisons de ce rejet:«La consultation, sournoisement mise en scène à laquelle sont appelés les électeurs et électrices n'est qu'un stratagème destiné à ceux et celles parmi l'opinion publique nationale et internationale qui veulent encore se laisser manipuler et tromper, qui consiste à absoudre les coupables de crimes et culpabiliser les victimes, et à amalgamer les causes et les effets de la crise algérienne.» La déclaration ajoute que «les termes de la charte-ordonance des cercles de décision, de l'aveu de Bouteflika lui-même, reflètent la prééminence des équilibres au sein du sérail et le poids spécifique d'un président prétendument élu à une majorité écrasante». Aussi, le parti d'Aït Ahmed considère que le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale est «un acte de guerre contre la société qui va aggraver les haines et les ressentiments» avant de se prononcer pour une «campagne imaginative et active des structures, des militants et sympathisants pour la réussite du boycott du scrutin».