Selon le rapport de l'ONU, publié début mai, "la situation désastreuse dans la région du Sahel est encore aggravée avec la propagation de la pandémie, avec des groupes terroristes qui l'exploitent à des fins de propagande". Les régions situées dans les frontières communes du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont devenues depuis quelques mois le centre de gravité de l'action terroriste, dans ces trois pays du Sahel, menée notamment par la nouvelle nébuleuse criminelle dirigée par Adnane Abou Walid al-Sahraoui, l'autoproclamé Etat islamique dans le Grand-Sahara (EIGS). Ce mouvement terroriste a multiplié depuis plus d'un an ses attaques dans cette zone, profitant de la porosité des frontières et des complicités locales pour y opérer et se replier sans la moindre difficulté. C'est surtout dans le nord du Burkina Faso et de l'ouest du Niger qu'il s'est positionné, alors qu'au Mali il est entré dans une guerre sans merci avec Al-Qaïda, où plus précisément avec Djamaat ansar al-islam wa al-muslimin (GSIM, Groupe de soutien à l'islam et aux musulman) que dirige l'ex-chef rebelle targui Iyad Ag Ghali. Depuis janvier dernier, de meurtriers affrontements opposent ces deux mouvements dans le centre-ouest du Mali, dans une tentative de l'EIGS d'étendre son influence dans ce pays, où le processus de paix peine à être mis en œuvre depuis la signature en mai-juin 2015 de l'accord d'Alger. Ces violences ont même commencé à déborder sur la région est de la Mauritanie, où sont accueillis des réfugiés maliens depuis 2012. Dans son dernier rapport sur la situation dans le Sahel, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affirmé que le nombre de "morts dans des attaques terroristes" a été multiplié par cinq depuis novembre 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, estimant ce bilan à plus de 4 000 victimes l'an dernier contre 770 morts en 2016. Et il y avait de quoi s'inquiéter de la "détérioration (de la situation, ndlr) au Mali et dans la région sahélienne", car, selon toujours M. Guterres, "les attaques terroristes (sont devenues) de plus en plus complexes dans les forces de sécurité" et entraînent aussi la mort de dizaines de civils, provoquant en parallèle plus de 1,2 million de déplacés. La fermeture des écoles a laissé également sur le carreau quelque 8 millions d'enfants non scolariés, selon l'Unicef. Faute de fonds suffisants pour s'occuper à la fois des besoins en nourriture, en médicaments et en éducation, environ 4,8 millions de personnes sont en situation d'"insécurité alimentaire", selon toujours l'Unicef et le Fonds alimentaire mondial (PAM). La création de la forces conjointe du G5-Sahel avait pourtant l'ambition de freiner ce cancer qui ravage toute la région et qui ne cesse de se métastaser en l'absence d'une réponse forte et coordonnée entre les pays membres. Il faut dire aussi que la force du G5-Sahel n'a pas réussi à récolter les fonds nécessaires et promis pour mener à bien ses opérations de lutte contre le terrorisme. Les donateurs avait promis 400 millions d'euros, dont une partie n'a jamais été débloquée. S'y ajoute aussi le vaste territoire que cette force ne peut pas couvrir avec seulement 5 000 soldats, issus de ses cinq pays membres. Les incursions du groupe terroriste Boko Haram (Nigeria), dans le sud du Niger et le centre-ouest du Tchad, a dispersé les efforts de lutte contre le terrorisme dans le Sahel, en dépit d'un considérable soutien matériel et militaire des puissances occidentales (France et Etats-Unis surtout), dont les forces sont, elles aussi, la cible de nombreuses attaques dans le centre et le nord du Mali, ainsi que dans l'ouest du Niger. Dans ce contexte de pandémie de coronavirus, la situation s'est nettement dégradée, selon le même rapport de l'ONU, publié debut mai. "La situation désastreuse dans la région du Sahel est encore aggravée par la propagation de la pandémie de Covid-19 en Afrique, avec des groupes terroristes qui l'exploitent à des fins de propagande et d'action, avec un impact potentiel grave sur la région", a affirmé encore M. Guterres. La situation n'est pas pour s'améliorer dans les mois et années à venir, en raison d'une véritable politique de lutte contre le terrorisme, prenant en considération les objectifs de développement dans la région. Beaucoup de jeunes de la région du Sahel ont rejoint les groupes armés par désespoir d'une vie meilleure, ne cessent d'alerter les études faites par les experts sur le terrorisme dans le Sahel.