L'histoire de Abdelkrim Aïssiou est bouleversante. À 54 ans, la vie a été pour lui une succession de malheurs. Pourtant, dans sa tendre jeunesse rien ne présageait un tel sort pour cet enfant ayant grandi rue de Tripoli à Hussein Dey où son père était propriétaire d'un fonds de commerce. La famille habitait juste au-dessus du local. À la mort du père tombé au champ d'honneur, la mère, qui avait hérité du local et de l'appartement dut, pour un besoin d'argent, vendre le fonds de commerce en s'apercevant trop tard qu'elle venait du coup perdre le titre de locataire du domicile. Et c'est à partir de ce moment que le sort s'acharne sur son fils. Sans toit, il est pris en pitié par le propriétaire d'un garage qui le lui cède pour deux années car le local a trouvé acquéreur. Une fois de plus, il se retrouve à la rue. Parti pour des soins en France, il rentre en 1991 mais toujours sans lieu d'hébergement. Sa sœur, habitant la région de Bouira, le prend en charge. L'homme finit quand même par replonger dans l'errance avec toutefois un passage de quelques mois au foyer pour personnes handicapées de Bab Ezzouar, comme le certifie la direction de l'établissement. En 2002, la demande de pension de fils de chahid reste sans suite. Atteint d'une affection psychique avec une incapacité certifiée à 100% par l'établissement hospitalier et universitaire Drid-Hocine, sans ressources et sans toit, il tente à deux reprises de mettre fin à sa vie, sans succès. Jamais deux sans trois, dit-on, mais cette dernière pourrait être fatale. Cela pourrait peut-être donner à réfléchir aux autorités concernées comme la ministère de la Solidarité, par exemple. A. F.