Le bureau de la fédération du MDS à Oran avait choisi la date de jeudi après-midi, jour de la visite du président Bouteflika, pour organiser une rencontre-débat autour du projet de la charte pour la et la paix et la réconciliation nationale. Au siège de la fédération, une quinzaine de militants et de sympathisants se sont donc retrouvés pour dénoncer à l'unanimité le contenu de la charte et ses “enjeux inavoués”. Après une lecture critique du contenu du projet qui “floue les forces démocratiques et patriotiques d'une victoire sur le terrorisme”, et qui vise “à reconduire l'alliance islamo-conservatrice”, les participants rejettent dans l'ensemble les mesures énoncées dans ledit projet. Le témoignage émouvant du père d'un jeune militaire handicapé à vie après avoir été blessé par une bombe a été un moment fort de cette rencontre. L'intervenant insistera pour dire qu'il n'avait pas de haine, mais qu'il ne pouvait “accepter que l'on privilégie le coupable par rapport à la victime… Mon fils, après 10 ans, ne touche même pas de pension, alors que les repentis reçoivent, eux, de l'argent, de l'aide !” Et d'ajouter : “Les coupables, on ne connaît pas leur nom… Que veut-on nous cacher ? Je demande en tant que victime du terrorisme une réparation morale et matérielle, que les coupables soient condamnés. Quant à ce qui va arriver après le 29, il faut dès maintenant se préparer à déposer des plaintes au niveau d'instances internationales car ce sont des crimes contre l'humanité.” Plusieurs personnes ont relevé le débat à sens unique sur le projet de la charte, le manque de liberté, égratignant au passage la presse “démocratique qui n'accorde aucun espace à un débat contradictoire”, dénonçant encore les menaces du Président à l'encontre des partisans du “non” présentés comme “hizb frança et anti-patriotique”. Alors que des intervenants s'interrogeaient sur l'absence d'une alliance des partis démocratiques pour un front du non, le responsable du bureau fédéral du MDS répondra énergiquement en critiquant cette classe politique : “L'ANR, le RCD, Hamrouche, Ghozali ne se sont pas encore prononcés sur ce texte… Quant au FFS, il est contre parce que ce n'est pas Sant' Egidio !” Et de lâcher que “seul le MDS s'est clairement prononcé dès le début pour rejeter le projet et la démarche présidentielle”. Une démarche et un texte qui sont le résultat d'un équilibre au sein des forces, des clans du pouvoir qui s'affrontent toujours. Pour tous les présents, ce qui est craint, c'est l'après-référendum, car en fait dans ce projet de la charte pour la paix et la réconciliation et le plébiscite du 29 septembre, tous y voient une reproduction de l'alliance islamo-conservatrice et la préparation d'une “constitution monarchique républicaine”. F. BOUMEDIENE