Le MDS prend à témoin l'opinion nationale et internationale face à ce qu'il qualifie de “dérives” et appelle les forces patriotiques et démocratiques à la mobilisation. Des militants du mouvement démocratique et social (MDS) de feu El-Hachemi Chérif ont été encore une fois arrêtés et mis sous contrôle judiciaire pour avoir distribué des affiches appelant au rejet massif du référendum sur “la charte pour la paix et la réconciliation nationale”, selon Ali Hocine, secrétaire général par intérim du MDS. Yacine Teguia, membre du bureau national et deux étudiants militants du mouvement ont été arrêtés, avant-hier, dans l'après-midi. Ils ont été traduits en justice, hier matin, sous le chef d'inculpation de distribution de“tracts” et d'atteinte à l'intérêt national. Mis sous contrôle judiciaire, ils devront se présenter tous les mercredis devant le juge d'instruction. À Constantine, Mohamed Daoui, militant et membre de la fédération locale du parti, a reçu une convocation… à son lit d'hôpital alors qu'il était hospitalisé en urgence. À Tizi Ouzou, des citoyens ont été interpellés à la veille de la visite du président de la république. Selon le témoignage d'un militant et néanmoins membre du bureau national, toutes les affiches placardées sur les murs appelant au rejet du référendum ont été “déchirées”, à l'exception de celles, bien entendu, louant la charte pour “la paix et la réconciliation”. Par ailleurs, un autre responsable du parti rapporte que de nombreux cadres, suspectés d'être hostiles au projet présidentiel, sont menacés de licenciement. “Ce cinéma, ce folklore, ça ne marche plus. Aucune menace, aucun chantage, aucune pression ne nous fera taire. Nous poursuivrons le travail d'explication, les débats avec les citoyens pour les convaincre que ce projet est dangereux pour le pays (…)”, a indiqué, hier, Ali Hocine lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Selon lui, cette nouvelle atteinte aux libertés fondamentales dont la liberté d'expression, constitue un nouveau pas qui est franchi bien avant les résultats du référendum et qui “nous renseigne sur les intentions affichées du pouvoir : bâillonner toute expression démocratique, accaparer tous les espaces médiatiques et tenter de pousser les citoyens aux urnes pour cautionner un projet de charte qui pérennise le système rentier bureaucratique, corrompu et corrupteur, qui consacre l'impunité de l'islamisme assassin(…)”. Face à ce qu'il qualifie de “dérives qui dès maintenant invalident le caractère consensuel que le pouvoir prétend donner à sa charte” , le MDS prend à témoin l'opinion nationale et internationale. Il appelle toutes les forces patriotiques et démocratiques à la mobilisation pour dénoncer, dit-il, les pratiques qui augurent ce que sera l'usage par le président des pleins pouvoirs réclamés dans la charte. Dans ce contexte, Ali Hocine a annoncé que des rencontres auront lieu prochainement avec les forces démocratiques pour arrêter des actions communes. “C'est la seule manière de transcender le régime, d'autant qu'il y a aujourd'hui une décantation”. KARIM KEBIR