Pour les troupes du Gouvernement d'union nationale (GNA), soutenues par la Turquie, l'offensive contre les forces de Haftar se poursuivra jusqu'à la reprise de tout le territoire libyen. Les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) poursuivent leur offensive sur la ville de Syrte, un des derniers bastions de Khalifa Haftar, dans l'ouest de la Libye, où il a perdu sa guerre de conquête du pouvoir à Tripoli. Le commandement de l'opération Burkan al-Ghadab (volcan de la colère), menée par le GNA, reconnu internationalement, a annoncé hier dans un communiqué que plusieurs "centres des terroristes" et des "milices de Haftar" ont été ciblés à l'intérieur de la ville par les troupes du gouvernement de Tripoli. "Nos forces héroïques continuent de mettre en œuvre les instructions pour mettre hors d'état de nuire les rebelles et mercenaires de Haftar à Syrte", a indiqué le porte-parole du commandement militaire des forces de Tripoli, Muhammad Qanunu. "Nous venons de cibler les centres des milices terroristes et mercenaires de Haftar qui se sont repliées à l'intérieur même de la ville de Syrte", a-t-il ajouté, en affirmant, malgré les appels incessants de la communauté internationale à un cessez-le-feu, poursuivre le siège sur Syrte jusqu'au "contrôle total" de cette ville stratégique. "Nous ne reculerons pas. Nous réaffirmons notre position inébranlable en frappant les foyers de la rébellion partout où elle existe et en mettant fin aux groupes des hors-la-loi qui ne se soucient pas de la vie des Libyens", a ajouté Mohammed Qanunu. Depuis une semaine, la communauté internationale a multiplié les appels à faire taire les armes en Libye, redoutant des conséquences "dramatiques" pour les civils menacés par la violence des affrontements. Hier, l'ambassade des Etats-Unis à Tripoli a exprimé sa "préoccupation immédiate" quant à la possibilité d'une "nouvelle crise humanitaire" en Libye, cette fois à Syrte. "Après avoir travaillé avec des Libyens et d'autres parties de la communauté internationale pour aider Syrte à s'en remettre après s'être est débarrassée de l'occupation de l'Etat islamique, il est particulièrement important de veiller à ce que les habitants de cette ville n'aient pas à vivre une autre expérience de bataille dévastatrice dans leur ville", lit-on dans un communiqué diffusé sur la page de l'ambassade américaine basée à Tripoli. Les Américains affirment craindre "que l'escalade" en cours à Syrte vienne "exacerber les souffrances des civils, semer des divisions qui peuvent être exploitées par des extrémistes et détourner des ressources de la réponse à la pandémie de coronavirus". Mardi soir, le Haut représentant de l'Union européenne et les ministres des Affaires étrangères de France, d'Allemagne et d'Italie ont appelé "instamment" les protagonistes du conflit libyen à un cessez-le-feu, a indiqué la diplomatie française. Les signataires "appellent instamment toutes les parties libyennes et internationales à faire cesser de manière effective et immédiate toutes les opérations militaires et à s'engager de façon constructive dans les négociations", indique le même communiqué, qui appelle également au retrait de toutes les régions de Libye de "l'ensemble des forces étrangères, des mercenaires et des équipements militaires livrés en violation de l'embargo sur les armes des Nations unies". Le texte commun exhorte, en outre, les belligérants à "prendre part de manière constructive à tous les volets du dialogue interlibyen mené sous l'égide des Nations unies, afin d'avancer vers un accord politique global dans le cadre des paramètres agréés à Berlin". Depuis avril 2019, date à laquelle Haftar a lancé son opération, les violences ont fait plus de 2 000 morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200 000 personnes à fuir leur domicile. La mission de l'ONU (Manul) a affirmé dimanche que plus de 16 000 personnes avaient été déplacées du fait des derniers combats. K. Benamar