La liquidité des banques a chuté de plus de 180 milliards de dinars à mai dernier, en comparaison à son niveau de fin 2019, selon la Banque d'Algérie. Le niveau général de la liquidité des banques de la place locale poursuit sa nette tendance à la baisse, amorcée dès fin 2019 dans le sillage de la crise financière que connaît le pays et de la suspension, vers la fin de l'année écoulée, du dispositif de la planche à billets. La liquidité bancaire globale, révèle en effet une note de conjoncture de la Banque d'Algérie (BA) diffusée avant-hier par l'agence APS, est passée désormais sous le seuil de 1 000 milliards de dinars à fin mai écoulé, chutant ainsi de plus de 180 milliards de dinars en comparaison à son niveau de fin 2019. La liquidité globale des banques, détaille la note de la Banque centrale, "a poursuivi sa baisse en 2020, passant de 1 557,6 milliards de dinars à fin 2018, à 1 100,8 milliards de dinars à fin 2019, pour atteindre 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020, soit une contraction de 184,2 milliards de dinars par rapport à son niveau enregistré à fin 2019". La BA qui met parallèlement en avant le contexte plutôt favorable de consolidation en 2020 du processus de désinflation, entamé en septembre 2018, rappelle, à travers sa note de conjoncture, avoir déjà entrepris des mesures d'assouplissement monétaire pour faire face à la contraction continue de la liquidité des banques. Ainsi, à la faveur du faible rythme d'évolution du taux d'inflation moyen durant ces quelques derniers mois, le Comité des opérations de politique monétaire de la Banque d'Algérie avait décidé en mars dernier de réduire dans un premier temps le taux de réserve obligatoire auquel sont soumises les banques primaires de 10 à 8% et d'abaisser en même temps de 25 points de base (0,25%) le taux directeur de la BA pour le fixer à 3,25%. Des mesures qui ont été confortées par la suite dès le mois d'avril passé par une nouvelle baisse de 25 points de base du taux directeur applicable aux opérations principales de refinancement, qui a été ramené ainsi à 3% au lieu de 3,25%, tandis que le taux de réserve obligatoire a été de nouveau révisé de 8% à 6%. Ces ajustements monétaires, est-il précisé dans la note de la Banque centrale, ont pour objectif primordial de dégager de nouvelles ressources de financement pour l'économie nationale à même d'atténuer le double impact du Covid-19 et de la baisse des prix des hydrocarbures sur la croissance économique. Bien que tout à fait orthodoxes et mêmes indispensables en ce contexte de crise financière majeure, ces mesures découlant d'instruments de politique monétaire qu'actionne ordinairement la Banque centrale en fonction des conjonctures, risquent de s'avérer peu suffisantes pour amortir la chute de la liquidité bancaire, sauf de procéder à terme à la réactivation pure et simple du dispositif du financement non conventionnel, c'est-à-dire celui de la planche à billets. À fin 2017, faut-il le rappeler, le niveau global de liquidité bancaire avait enregistré un bond de plus de 68% à la faveur de la mise en œuvre du financement non conventionnel, alors qu'il avait connu auparavant une chute drastique entre 2015 et 2016, sous l'effet de la crise financière née de l'effondrement des prix du pétrole en 2014. Aussi, l'option, jusqu'ici écartée par le gouvernement, de recourir à nouveau à la planche à billets pour renflouer la sphère bancaire risque de devenir à terme incontournable, au regard surtout des faiblesses structurelles des banques locales en matière de collecte de ressources et de canalisation de l'épargne.