Le comité des opérations de politique monétaire de la BA a décidé de réduire son taux directeur à 3,25% et celui des réserves obligatoires des banques à 8%. La Banque d'Algérie (BA) vient d'abaisser à 8% le taux de réserves obligatoires des banques, ce qui confirme l'amorce d'une nouvelle tendance baissière du niveau global de la liquidité bancaire, dans le sillage de la mauvaise santé générale de l'économie nationale et de la suspension, depuis juin dernier, du dispositif de "la planche à billets". Le comité des opérations de politique monétaire de la BA a décidé de réduire son taux directeur à 3,25% et celui des réserves obligatoires des banques à 8%, indique ainsi un communiqué officiel diffusé, hier, par l'agence APS. À compter du 15 mars 2020, le taux de réserves obligatoires des banques, c'est-à-dire le niveau des avoirs que les établissements bancaires et financiers sont tenus de garder en compte auprès de la Banque centrale, passe ainsi de 10% à 8%, tandis que le taux directeur de la Banque centrale, soit celui auquel elle prête aux banques primaires, est abaissé de 25 points de base (0,25 %) pour se fixer à 3,25%, précise la même institution. Ces décisions, justifie cette dernière, "sont de nature à permettre de libérer, pour le système bancaire, des marges supplémentaires de liquidités et mettre ainsi à la disposition des banques et établissements financiers des moyens additionnels d'appui au financement de l'économie nationale à un coût raisonnable". En clair, ces nouvelles mesures de politique monétaire prises par l'autorité en charge de la supervision de la place bancaire nationale interviennent en réaction à la contraction des liquidités des banques et du taux de croissance des crédits à l'économie, qui ont amorcé une nouvelle courbe descendante depuis quelques mois. Après la forte croissance qu'il a connue depuis la fin 2017, à la faveur surtout du dispositif dit de financement non conventionnel (planche à billets), le niveau général des liquidités des banques de la place locale a entamé une nouvelle tendance au resserrement en 2019, alors que le secteur bancaire dans son ensemble reste marqué par des difficultés structurelles majeures, le rendant inapte à collecter efficacement la ressource financière, notamment la part immense de la masse monétaire circulant hors circuit bancaire. Ainsi, selon les données annexées au document du plan d'action du gouvernement, les liquidités bancaires à fin 2019 ont baissé à 1 101 milliards de dinars, alors que les statistiques disponibles de la Banque d'Algérie les situaient à plus de 1 557 milliards de dinars à fin 2018. En chute libre en 2015 et 2016, conséquence de la crise financière née de la chute des prix du pétrole de 2014, les liquidités des banques, faut-il le rappeler, ont connu dès fin 2017 un rebond spectaculaire de plus de 68%, "après la mise en œuvre du financement non conventionnel", comme le souligne la Banque centrale dans ses rapports de conjoncture. La planche à billets ayant été mise en veille depuis le milieu de l'année écoulée, les banques primaires commencent donc à voir à nouveau se rétrécir leur niveau des liquidités, d'où les nouvelles dispositions de la Banque centrale réduisant son taux de réescompte (taux directeur), ainsi que le taux de réserves obligatoires. Des dispositions censées, du reste, permettre aux banques primaires de disposer d'un meilleur niveau de ressources pour mieux contribuer au financement de l'économie, tout en les incitant à réduire leurs coûts de crédit en répercutant la baisse du taux directeur de la BA sur leur niveau de taux d'intérêt.