Rien ne présageait S. A. T. à un triste sort, lui qui a vécu jusqu'à l'âge de 39 ans dans l'aisance. Commerçant dans la confection du prêt-à-porter, il eut le malheur, le 15 janvier 2002, d'être manipulé par une personne qui commettra, à son insu, un délit d'escroquerie (chèque sans provision). À la suite de quoi, il fut arrêté à Chéraga, mis en garde à vue et placé sous mandat de dépôt avant d'être incarcéré à la maison d'arrêt d'El Harrach, alors qu'il présentait des problèmes de santé. En prison, il ne cesse de réclamer son traitement (Avlocardyl 40 mg et Carbimazole GS) ainsi qu'un médecin. En vain. Cette négligence occasionne chez le malheureux une maladie chronique avérée en mars 2002, soit trois mois après son incarcération. Multipliant ses réclamations, on finit par l'admettre à l'infirmerie où le médecin constate suite à un test de glycémie que le patient est diabétique (5g). Un autre examen, quelque temps après, confirme le même taux de glycémie. “Le médecin se contenta de me prescrire de l'insuline sans aucune explication sur le mode d'emploi”, confie-t-il. Atteint d'une maladie endocrinologique, il réussit à obtenir un “visa” pour le centre Pierre et Marie-Curie, le 28 septembre 2002. Ce jour coïncidant malheureusement avec le jour d'audience à la cour de Blida, suite à un appel du jugement du tribunal de Chéraga, où il fut condamné à 18 mois de prison. Le 6 octobre de la même année, la cour déclare le non-lieu. S. A. T. quitte la prison après 9 mois, victime d'une erreur judiciaire avec en sus une maladie chronique qu'il est obligé de traîner sa vie durant. Comme un malheur n'arrive jamais seul, il perd son activité pour devenir chômeur n'ayant aucune ressource pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants et leur mère. Le 27/10/2004, il fait une chute qui occasionne une fracture ouverte grave de la jambe gauche qui lui vaut d'être opéré à deux reprises avec fixateur externe. La guérison ne vient pas à cause de son diabète. Pis, une infection se déclare obligeant le médecin traitant à faire une “couverture par lambeaux”. Ce citoyen ne demande qu'une chose : sa prise en charge par l'Etat ne serait-ce que pour réparer l'injustice qu'il a subie. A. F.