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"Il incombe aux banques d'être proactives"
Brahim Guendouzi, économiste
Publié dans Liberté le 13 - 06 - 2020

Liberté : La liquidité globale des banques est passée de 1 557,6 milliards de dinars à fin 2018, à 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020, soit une contraction de 184,2 milliards de dinars par rapport à son niveau enregistré à fin 2019. Qu'est-ce que cela signifie en termes plus simples ?
Brahim Guendouzi : La liquidité bancaire est une partie de la monnaie centrale détenue par les banques. Elle apparaît à l'actif de leurs bilans et se compose des encaisses en billets et des réserves portées aux comptes courants à la Banque d'Algérie. Cette liquidité est obtenue, dans une large mesure, par la collecte des dépôts auprès du public, mais aussi par emprunt auprès de la Banque centrale et/ou sur le marché interbancaire.
On distingue toutefois deux types de liquidités bancaires : la liquidité immédiate et la liquidité potentielle. La première est composée des encaisses et des réserves en comptes courants alors que la seconde est définie par l'ensemble des actifs bancaires détenus en portefeuille convertibles en monnaie centrale à plus ou moins brève échéance, tels que les devises et les bons de Trésor.
La liquidité bancaire subit régulièrement une fluctuation en fonction de la conjoncture économique mais aussi compte tenu de la politique monétaire menée par la Banque centrale dans son action à juguler l'inflation.
Une tendance à la diminution dans le temps par exemple suit le développement de l'activité de crédit de la part des établissements bancaires mais aussi lorsqu'il y a un déficit de la balance des paiements impliquant une réduction de la masse monétaire. Inversement, il peut y avoir une tendance à la hausse lorsqu'il y a création monétaire par la Banque centrale comme c'était le cas avec le financement non conventionnel (novembre 2017 à décembre 2019) ou encore lorsqu'apparaît un excédent de la balance des paiements qui se manifeste par une hausse de la masse monétaire (période d'avant 2014).
Dans tous les cas, la Banque d'Algérie influe sur le niveau de la liquidité bancaire grâce à un instrument qui est le taux des réserves obligatoires. Celui-ci agit par immobilisation de la monnaie centrale, matière première des banques servant à développer leurs activités de crédit.
Les montants de la liquidité bancaire annoncés par la Banque d'Algérie font ressortir une nette tendance baissière de son niveau pour 2020 s'expliquant corrélativement par l'arrêt du financement non conventionnel depuis le début de l'année, alors que le déficit budgétaire est encore à un niveau élevé voire insupportable, ainsi que les déficits de la balance des paiements observés depuis le revirement des cours du pétrole brut en 2014. À cela vient s'ajouter l'impact de la pandémie de Covid-19 touchant le tissu économique dans son ensemble. Le confinement de la population a amené de nombreuses entreprises à cesser toute activité.
La baisse de la liquidité est plus marquée, cette fois-ci. Faut-il s'en inquiéter ?
La baisse de la liquidité bancaire n'est pas pour le moment source d'inquiétude dès lors que la Banque d'Algérie a pris des mesures adéquates de politique monétaire afin de permettre aux banques de mener correctement leurs activités notamment l'octroi de crédit au bénéfice des entreprises.
D'autant plus que le taux des réserves obligatoires reste encore à un niveau relativement élevé (6%) et que les banques disposent de titres souverains collatéraux qui leur permettent de se refinancer auprès de la Banque d'Algérie, dans le cadre de l'open market.
La Banque d'Algérie souligne que le taux de réserve obligatoire a été révisé de 8% à 6%, alors que le seuil de refinancement des titres publics négociables a été relevé. Est-ce la voie que la Banque d'Algérie devra suivre pour apporter des ressources à l'économie nationale ?
Le communiqué du comité des opérations de politique monétaire de la Banque d'Algérie du 29 mars 2020 annonçait pour la seconde fois, depuis le début de la crise sanitaire engendrée par le Covid-19 en Algérie, des décisions importantes en matière de politique monétaire. Il s'agit de l'abaissement du taux des réserves obligatoires auxquelles sont astreintes les banques, passant de 10% à 8% puis à 6%. En l'espace de deux mois, le TRO a baissé de 4% libérant ainsi beaucoup de liquidités que les banques devront mettre à la disposition des entreprises.
C'est également le cas de la baisse du taux directeur de la Banque d'Algérie de 3,5% à 3,25% puis à 3%, lequel est applicable sur les opérations d'open marquet et du réescompte. L'abaissement de ce taux directeur a pour finalité d'assurer l'ancrage des taux d'intérêt du marché monétaire interbancaire afin de rendre le crédit moins cher. La Banque d'Algérie a également procédé au relèvement du seuil de refinancement des titres publics négociables (à différentes échéances) afin d'augmenter les capacités de refinancement des banques à son niveau.
L'ensemble de ces mesures visent la relance de l'activité économique en appuyant les banques à fournir plus de crédit aux entreprises avec des taux d'intérêt attractifs.
Cependant, avec la détérioration des équilibres financiers externes et internes attendue cette année 2020 en raison de la récession économique résultant des effets de la pandémie de Covid-19 et de la crise pétrolière internationale, la Banque d'Algérie va procéder également à l'ajustement du taux de change par rapport à l'euro et au dollar. Le processus a déjà commencé puisque l'on constate ces deux dernières semaines un glissement de la valeur du dinar par rapport surtout à l'euro.
Comment voyez-vous la situation des banques évoluer dans les mois à venir ?
La Banque d'Algérie a récemment pris des mesures exceptionnelles d'allègement de certaines dispositions prudentielles applicables aux banques et établissements financiers, notamment en ramenant le seuil minimum du coefficient de liquidité à 60% au lieu de 100%. L'ensemble des décisions encourageant le financement bancaire de l'activité économique et surtout la relance de l'investissement, mettent les banques devant une situation qui exige d'elles plus d'implication dans l'octroi de crédit à des conditions favorables en faveur des entreprises particulièrement les PME.
Comme nous le constatons, la Banque d'Algérie a pris les mesures nécessaires mais qui restent encore insuffisantes pour faire face à la récession économique. De leur côté, les banques se doivent d'être proactives face aux besoins de financement des entreprises.
Par ailleurs, l'économie algérienne étant caractérisée par une forte thésaurisation ainsi qu'un secteur informel omniprésent, les établissements bancaires sont condamnés à développer la bancarisation et de généraliser l'utilisation des instruments de paiements modernes ainsi que le renforcement de l'inclusion financière.
Le recours au seul refinancement auprès de la Banque d'Algérie ne suffit plus pour prétendre à assurer des services bancaires de qualité pour l'ensemble des agents économiques. Enfin, il reste la question des créances improductives qui plombe certaines banques publiques dans la mesure où leurs activités de crédit en subissent indirectement les effets négatifs du fait du respect des règles prudentielles édictées par la Banque d'Algérie.

Entretien réalisé par : YOUCEF SALAMI


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