Même les plus réfractaires ont déposé des demandes d'agrément auprès du ministère de l'éducation nationale. Sur un ensemble de 72 établissements d'enseignement privé ayant déposé leur dossier d'agrément, 54 ont obtenu le quitus du ministère de l'éducation nationale, 5 sont dans l'attente d'une réponse et 17 ont essuyé un refus. Leurs propriétaires auront à revoir leur mode de fonctionnement pour prétendre à une autorisation d'ouverture. Les critères spécifiés dans le cahier des charges diffusé en mars 2003 et durci par les décisions du Conseil des ministres du 22 août dernier font obligation aux gérants de ces institutions de se conformer au programme officiel d'enseignement et de dispenser les cours en langue arabe sous peine de mettre la clé sous le paillasson ou d'encourir — pour les irréductibles — des poursuites judiciaires. Cette double exigence exprimée auparavant par le chef de l'Etat avait contrarié certains directeurs et des parents d'élèves. Reproduire l'enseignement public, ses lacunes et ses ratés dans le privé n'avait aucun intérêt à leurs yeux. Cependant, face à la menace de fermeture brandie par les pouvoirs publics, la plupart ont dû adopter un compromis. C'est le cas des écoles de Tizi Ouzou où suite à une longue concertation avec les parents d'élèves, les directeurs ont procédé à quelques réaménagements pour pouvoir continuer à fonctionner. Sur 11 établissements, 9 ont déposé leur demande d'agrément auprès de la direction de l'éducation locale durant le mois écoulé. Les retardataires s'emploient à réunir toutes les pièces du dossier. L'arrangement trouvé consiste à promouvoir un enseignement bilingue, y compris pour les matières scientifiques. Chef du réseau des écoles privées de Tizi Ouzou et copropriétaire d'un établissement, Assalas, M. Mohand Handala assure que les enseignants ont été sensibilisés afin d'adapter les élèves à la nouvelle méthode sans les accabler d'une charge de travail supplémentaire. “Il ne faut pas que cela se répercute sur le volume horaire. C'est l'intérêt des élèves qui prime”, soutient l'éducateur. Deux milliers d'enfants, tous cycles confondus, sont scolarisés dans les établissements privés de Tizi Ouzou. Pour eux aussi, la rentrée des classes, c'était hier. Leurs bons résultats scolaires expliquent l'engouement des parents. En juin dernier, 80% des candidats au baccalauréat ont décroché leur ticket d'entrée à l'université. Cet exploit ternit davantage l'image de l'école publique où le taux de réussite à cet examen représente moins de la moitié. En attendant l'aval de la tutelle, les établissements de Kabylie continueront à fonctionner grâce au récépissé de dépôt de dossier. “Nous sommes optimistes”, dit M. Handala en référence à la suite qui sera donnée à sa demande d'agrément et à celles de ses compagnons du réseau. Il est à noter que les autorisations d'ouverture accordées actuellement par le ministère de l'éducation font office d'accord de principe. Elles sont entérinées ou invalidées par des visites d'inspection au sein même des écoles. S. L.