Le secrétaire général du ministère de l'Education, Boubekeur Khaldi, a rappelé aux gérants d'établissement privé qu'ils doivent se plier aux conditions de mise en conformité édictées par la tutelle, et ce dans les délais. Une année après le lancement de l'opération de mise en conformité, le ministère de l'éducation nationale exécute sa menace. “Les établissements privés d'enseignement qui ne seront pas agréés d'ici septembre n'auront pas le droit d'ouvrir leurs portes à la rentrée prochaine. Ces écoles sont illégales et la force publique sera requise pour les fermer”. La menace est sans appel. Elle a été adressée, hier, par Boubekeur Khaldi aux gérants des établissements privés qui n'ont pas rempli les conditions de mise en conformité, contenues dans le cahier des charges du département de l'éducation nationale. Le secrétaire général du ministère recevait à l'Institut de formation des enseignants (ITE) de Ben Aknoun 26 directeurs d'écoles ayant quant à eux répondu aux exigences de la tutelle. La palme qu'ils ont décrochée est une décision de création, en attendant une autorisation d'activité qui leur sera délivrée à l'issue d'une ultime inspection effectuée par une commission académique. Dérisoire, le nombre des écoles qui viennent d'êtres agréées montre que le chemin est encore long. L'absence de statistiques officielles sur tous les établissements qui ont pignon sur rue rend la démarche ministérielle encore plus aléatoire. “Nous ne savons pas combien ils sont car beaucoup ne se sont pas manifestés”, soutient le SG du ministère. Quatorze mois après la publication du décret n°04/90 portant organisation et fonctionnement des écoles privées, 53 établissements uniquement ont adressé des dossiers de demande d'agrément à l'éducation nationale. En juin dernier, M. Benbouzid réunissait un certain nombre de gérants pour leur expliquer le processus de mise en conformité. Compte tenu des critères drastiques qu'ils devaient satisfaire, très peu ont souscrit à la démarche ministérielle. Pour preuve, quelques-unes des écoles (9 en tout), qui ont reçu le quitus du ministère, hier, n'ont pas d'existence ultérieure. Aussi, se sont-elles construites selon les recommandations des pouvoirs publics. Pour leur part, bien qu'ayant globalement répondu au cahier des charges, certains des 44 établissements déjà en activité ont un souci majeur. Il s'exprime à travers l'obligation irrévocable de dispenser tous les enseignants dans la langue nationale. À ce propos, M. Khaldi a rappelé les instructions données par le président de la République, lors de la conférence des ministres africains de l'éducation en avril dernier. À l'ouverture de cette manifestation continentale, Abdelaziz Bouteflika avait adressé un message clair aux propriétaires des institutions privées : l'enseignement doit être prodigué en arabe sous peine d'une décision de fermeture. Outre la langue, la tutelle a fixé d'autres clauses. “Il est nécessaire pour ces écoles d'appliquer le programme officiel de l'Etat incluant des matières comme l'éducation islamique et civique et l'histoire- géographie, d'utiliser les mêmes manuels et d'appliquer un volume horaire similaire”, a martelé l'adjoint de M. Benbouzid. Ce régime strict contient néanmoins un petit bémol. Si les enseignants du privé doivent se référer à la nomenclature officielle, ils sont par ailleurs autorisés à dispenser des matières optionnelles, évidemment sous réserve de l'accord des autorités de l'éducation. Ne voulant point se rendre coupable de velléités inhibitoires, la tutelle justifie sa politique implacable vis-à-vis des écoles privées. Elle tend également la main à leur propriétaire, arguant sa volonté à consacrer le choix des parents et encourager l'émulation. “Nous allons vous assister et vous accompagner”, a promis M. Khaldi. Cette aide se manifestera à travers une dotation de manuels et l'envoi d'inspecteurs pour l'élaboration de nouveaux programmes. Elle s'exprime également à travers une indulgence dans le traitement des dossiers de mise en conformité. En effet, sur les 53 établissements qui ont déposé des demandes d'agrément, 27 n'ayant pas reçu l'aval du ministère ne sont pas tout à fait hors course. Les autorités de l'éducation fixent aux gérants un délai jusqu'au 15 juillet prochain pour se rapprocher des directions de l'éducation et compléter leur requête. “Si leurs demandes sont jugées acceptables avant la prochaine rentrée, nous leur permettrons de recevoir les élèves”, assure le secrétaire général. Dans le cas contraire, ces établissements resteront fermés. De même, les écoles dont les propriétaires ne se sont pas manifestés connaîtront un sort identique. Ou les responsables exécutent les résolutions des autorités, ou ils changent d'activité. “Qu'ils aient introduit des demandes d'agrément ou pas. Ils sont dans l'illégalité”, estime M. Khaldi. Le risque est gros. Car il va de l'avenir de milliers d'élèves. À elles seules, les 53 écoles ayant donné signe de vie comptent approximativement 5 300 jeunes locataires, répartis dans les différents cycles d'enseignement (9 établissements sont spécialisés dans un seul palier, 29 dans deux, 11 dans trois et 7 dans quatre). Les wilayas où elles sont implantées sont Alger, Béjaïa, Tlemcen, Tizi Ouzou, Sétif, Annaba, Constantine, El-Oued. Samia Lokmane