Au sein du parti, on est désormais convaincu que cette affaire "est avant tout politique". Deux jours après avoir reçu une "mise en demeure" du ministère de l'Intérieur, le président du RCD, Mohcine Belabbas, se voit notifier une convocation de la Gendarmerie nationale. C'est lui-même qui a fait l'annonce en direct sur les ondes de Radio M où il était invité pour commenter l'actualité politique nationale. "Je tiens à informer les citoyens que je suis convoqué par la Gendarmerie nationale et je compte m'y rendre demain matin (vendredi, ndlr)", a-t-il déclaré sans préciser les motifs de cette convocation. Un peu plus tard dans la soirée, deux gendarmes se présentent au domicile du président du RCD pour l'informer que la convocation est reportée à dimanche. "J'ai reçu, chez moi, des gendarmes qui me demandent de ne pas me présenter demain (vendredi, ndlr) et d'attendre dimanche. Je leur ai demandé de me présenter une justification écrite. Ils n'avaient aucun document", écrit le président du RCD. Et pour montrer sa bonne foi, l'homme s'est présenté, hier vendredi, aux services de gendarmerie de Gué-de-Constantine (banlieue d'Alger). "Ils m'ont demandé de revenir dimanche", indique Mohcine Belabbas qui était accompagné par des membres de la direction de son parti. "Sans document ou convocation écrite, les autorités pourront dire que M. Belabbas a refusé de se présenter vendredi. Il a donc préféré aller lui-même dans les locaux de la gendarmerie", nous confie un proche du président du RCD. L'affaire a suscité l'indignation des citoyens qui crient à une tentative d'intimidation. Pris de court, le procureur général près la Cour d'Alger s'est précipité pour préciser que le député d'Alger n'était pas convoqué pour "une affaire politique". Mais, "il s'agit de l'affaire du décès d'une personne étrangère qui travaillait sur un chantier de construction d'un logement privé appartenant au susnommé (Mohcine Belabbas) qu'il n'a pas signalé", a ajouté la même source qui a souligné que "les investigations ont montré que l'ouvrier décédé n'avait pas de permis de travail légal en Algérie et que la construction, elle-même, a été édifiée sans respect des normes urbanistiques". De quoi s'agit-il exactement ? Dans les faits, l'entourage de Mohcine Belabbas assure que cette affaire "remonte à près" de deux ans. Un ouvrier marocain, employé par une entreprise chargée de construire une promotion immobilière dont Mohcine Belabbas est un des acquéreurs, est mort en plein travaux. Mais contrairement à ce que disent les autorités, "au moment des faits, les gendarmes avaient établi un PV et c'est la Protection civile qui s'était chargée" de "transporter" l'ouvrier en question, et M. Belabbas a "toutes les preuves", indique une source proche du président du RCD. Cela n'est qu'une présomption. Car, jusqu'à présent, le concerné ne connaît pas les raisons exactes de sa convocation. C'est donc d'une "intimidation politique" dont il s'agit, selon les responsables du parti auxquels nous avons parlé. Au sein du parti, tout le monde est désormais convaincu que cette énième affaire "est avant tout politique". Pour preuve, elle n'intervient que deux jours seulement après une "mise en demeure" adressée par le ministère de l'Intérieur au RCD concernant ses activités politiques. Il est reproché au parti politique des activités à l'intérieur de ses locaux. Une première dans les annales politiques du pays. Pour rappel, il y a quelques mois et en plein Hirak, des médias avaient fait état de cette affaire dont le but était de "salir" l'image du président du RCD.