Les autorités légitimes ont appelé les entreprises pétrolières étrangères présentes sur le sol libyen à "coopérer" avec elles pour imposer des sanctions internationales contre les mercenaires et les entreprises qui les emploient. La Représentante spéciale, par intérim, du Secrétaire général des Nations unies en Libye, Stéphanie Williams, a exprimé samedi soir sa "profonde inquiétude" sur la présence de "nombreux mercenaires de plusieurs nationalités" sur le champ pétrolier de Charara, en Libye, considéré comme un des plus importants sites dans le pays. "L'ONU est profondément inquiète suite aux nombreux rapports faisant état de la présence de nouveaux groupes de mercenaires de plusieurs nationalités dans le champ pétrolier de Charara et dans d'autres installations pétrolières en Libye", a indiqué Mme Williams, à l'issue de sa rencontre avec le président du Conseil présidentiel du gouvernement libyen d'entente nationale, Fayez al-Sarraj, dans la capitale italienne. Pour elle, la présence de ces mercenaires étrangers dans les installations stratégiques de l'économie libyenne fait "peser de sérieuses menaces sur le poumon économique du pays (Croissant pétrolier, ndlr) qui risque de se transformer en une zone de conflit avec des conséquences dramatiques sur la vie des Libyens dont la seule source de revenus est le pétrole". Les inquiétudes de l'ONU font suite à des informations détaillées de l'entrée de mercenaires russes, de la société Wagner, et de milices étrangères dans le plus grand champ pétrolier de Libye, dont la capacité de production atteint plus de 300 000 barils par jour, ce qui représente environ un tiers de la production libyenne de brut en temps normal. Jeudi, la société nationale de pétrole libyenne NOC a alerté sur l'entrée de plusieurs convois de "dizaines de véhicules ayant accédé au site pétrolier". "Nous n'avons pas besoin de mercenaires russes ou d'autres mercenaires étrangers dans les champs pétroliers libyens, ils cherchent uniquement à empêcher la reprise de la production pétrolière", avait expliqué, pour sa part, le président de la National Oil Corporation, Mustafa Sanallah. Face à cette menace, la Libye a appelé samedi soir ses partenaires pétroliers étrangers à "coopérer avec le GNA" pour mettre fin aux "violations" de ces mercenaires présents sur ces champs où des entreprises étrangères sont installées. "La Libye appelle les pays étrangers concernés par le secteur pétrolier et ayant des entreprises en Libye à coopérer avec le ministère des Affaires étrangères pour dévoiler ces violations inacceptables et à travailler de concert avec la Libye pour imposer des sanctions internationales contre ces mercenaires et les entreprises qui les emploient", a indiqué, dans un communiqué, samedi soir, le ministère des Affaires étrangères libyen. Plus tôt, le représentant permanent de la Libye auprès des Nations unies, Taher al-Sunni, a appelé l'Europe et les Etats-Unis à imposer des sanctions urgentes contre la société russe Wagner. "Le Conseil de sécurité n'est pas en mesure de punir des individus et des groupes de mercenaires tels que Wagner et les Janjaweed (mercenaires soudanais, ndlr) ainsi que les milices de Khalifa Haftar, ayant violé toutes les résolutions internationales. Il est temps que les Etats-Unis et l'Europe imposent des sanctions directes à ces personnes et gèlent leurs avoirs et ceux qui les financent, tout comme les entités terroristes", a indiqué Taher al-Sunni dans un message posté sur son compte twitter.