Pour pouvoir répondre, au mieux, aux besoins de la population, M. Azzedine Slimani plaide pour que l'APC dispose de moyens financiers et de larges prérogatives. Ce n'est malencontreusement pas le cas, ajoute-t-il. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face au coronavirus ? Azzedine Slimani : Depuis le premier cas de contamination signalé, nous avons retroussé nos manches pour affronter la Covid-19 et ce, parallèlement à la gestion des affaires courantes des citoyens. À cet effet, tous les moyens appropriés dont nous disposons ont été mobilisés et mis à la disposition de nos équipes. Des campagnes de sensibilisation et de prévention, de désinfection et de stérilisation, et de collecte de déchets ménagers notamment, menées par nos services, auxquelles prennent part les différentes composantes de la société civile, se poursuivent toujours. La situation était bien maîtrisée au début de la pandémie, où nous enregistrions peu de cas de contamination et de décès liés au coronavirus. Malheureusement, depuis le déconfinement graduel, imprudemment suivi par une bonne partie de la population qui croyait que la pandémie avait disparu, la maladie s'est propagée de façon foudroyante. Les hôpitaux et les unités Covid "affichent déjà complet'' et ne peuvent rien faire en présence de ces innombrables citoyens foulant sous les pieds les gestes barrières. Je les invite, à ce titre, à faire preuve de plus de vigilance. En coordination avec les services de la sûreté de wilaya, nous avons procédé, avant-hier, à l'application de l'arrêté municipal 1040, adopté dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie. En vertu de cet arrêté, le périmètre du marché central a été dégagé. Nous avons interdit toute opération d'exposition, de vente et d'achat de tout produit, de quelque nature qu'il soit, à proximité du marché en question, où le risque de transmission du coronavirus s'avère très élevé. Dans ce cadre, les tables pour vente à la sauvette, occupant tout cet espace public, ont été démontées. En parallèle à cette décision, la célébration des fêtes de mariage et les cérémonies funéraires ont été soumises à l'interdiction par le wali. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le coronavirus, et quel a été leur rôle ? Absolument ! Concernés par cette crise qui les touche directement, les citoyens, dans leur grande majorité, s'y sont impliqués. Leur rôle est déterminant, surtout dans les campagnes de sensibilisation et de prévention. Je tiens à remercier, dans ce contexte, par le biais de votre journal, l'ensemble des associations, des comités de quartier, ces nombreux bénévoles connus pour leur présence dans le domaine de l'œuvre de bienfaisance, les acteurs de la société civile somme toute, qui n'ont pas tardé à répondre présent face à "l'hécatombe''. De vastes campagnes de collecte de sang, à titre d'exemple, au profit des établissements hospitaliers, des actions de solidarité en faveur des familles nécessiteuses aussi ont eu lieu et se sont accentuées. Bien avant le début du confinement, les citoyens n'ont pas manqué de porter assistance aux familles en détresse. Leur œuvre se poursuit encore au rythme du rebond inquiétant de la pandémie. Un grand merci également aux nombreux jeunes qui se sont constitués en associations, spécialement pour la confection de milliers de bavettes distribuées à la population, mais surtout aux personnels soignants. C'est grâce aux efforts de ces acteurs de la société civile qui nous ont beaucoup aidés que l'on continue de faire face à la pandémie. Ils sont jusqu'à l'heure actuelle présents même au niveau des structures sanitaires, apportant leur soutien aux patients et aux soignants. Au passage, je remercie aussi les habitants des différents quartiers, soucieux de rendre propre leur ville. Ils ont exprimé leur citoyenneté en participant à des opérations de lutte contre l'insalubrité. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de la situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune ? Bien évidemment, l'APC est toujours pointée du doigt de la part de nombreux citoyens, bien que des efforts soient toujours déployés pour améliorer le cadre de vie des Biskris. Les gens ignorent encore que nous sommes "ligotés'' en termes de prérogatives. Il est vrai que nos imperfections et insuffisances sont nombreuses, mais il faut tout de même savoir que nous ne jouissons pas de larges prérogatives qui nous permettent de satisfaire toutes les préoccupations. Nous espérons, dans ce contexte, que le code de la commune, définissant entre autres les prérogatives des APC, sera revu de façon à élargir notre champ d'action. Pour pouvoir répondre, au mieux, aux besoins énormes d'une population estimée à pas moins de 300 000 habitants, il faut avoir notamment de gros moyens financiers et de larges prérogatives. Et ce n'est malencontreusement pas le cas depuis bien longtemps. Comment envisagez-vous le devenir de votre commune après la pandémie ? En ma qualité de maire, le plus important de mon devoir, pour la période post-confinement total, est de travailler de manière à réduire les effets foudroyants de la vague de la pandémie inédite qui nous frappe de plein fouet. Cela nous oblige de changer de cap et de mettre en œuvre un autre plan d'action plus conséquent, à savoir celui de veiller à satisfaire les demandes incessantes des citoyens. Mais, avec les moyens du bord, je le redis encore une fois, notre commune n'est pas en mesure de prendre en charge toutes les préoccupations de la population.