Rejeté par les Palestiniens, le plan de paix américain, s'il venait à être adopté, constituerait une nouvelle ère de troubles dans la région du Proche-Orient. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté hier dans la ville de Gaza contre le plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit l'annexion par le colon israélien d'au moins 30% des territoires en Cisjordanie occupée. Les Gazaouis sortis en masse ont réitéré leur rejet total du plan de paix américain dont la mise en œuvre, par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, devait avoir lieu hier. Dans l'enclave palestinienne située à une cinquantaine de kilomètres de la Cisjordanie occupée, les manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non à l'annexion" et "Palestinian lives matter" (La vie des Palestiniens compte), en référence au mouvement antiraciste "Black lives matter" parti des Etats-Unis. Parallèlement à cette mobilisation en terre palestinienne, la communauté internationale continue à faire pression sur le colon israélien pour annuler ce plan d'annexion dont les conséquences, avertissent plusieurs organisations, seront désastreuses pour toute la région. Hier, une quarantaine de femmes politiques internationales ont appelé, dans une tribune commune, à s'opposer à ce nouveau projet colonial qui menace tout simplement la Palestine d'effritement. "L'annexion ne peut rester sans réponse et un engagement international ferme est plus que jamais nécessaire, et cela passe par des mesures efficaces pour empêcher des actions unilatérales illégales et pour parvenir à une paix juste et durable", ont prévenu les signataires de ce texte dont l'ex-présidente suisse Micheline Calmy-Rey, l'ancienne ministre de la Justice française Christiane Taubira, l'avocate iranienne et lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi ou l'ancienne ministre sud-africaine Barbara Hogan. La mise en œuvre du controversé plan du président américain Donald Trump se trouve contestée même parmi les soutiens traditionnels d'Israël. Boris Johnson, pourtant farouche défenseur d'Israël, a estimé qu'un tel projet nuirait aux efforts de la paix entre les deux parties. Dans une tribune publiée hier dans un quotidien israélien au grand tirage, le dirigeant anglais a plaidé pour l'arrêt de ce projet d'annexion qui, selon lui, ne serait pas dans l'intérêt d'Israël. Le même jour, 14 organisations des associations britanniques travaillant dans le domaine du développement humain et des droits de l'Homme et qui soutiennent les droits du peuple palestinien, ont exprimé leur inquiétude quant à l'annexion israélienne des territoires palestiniens occupés. Dans un communiqué publié hier, relayé par l'agence Wafa, ces organisations ont appelé le gouvernement britannique à prendre une action sérieuse contre le plan d'annexion. Le chef de l'ONU a eu, rappelle-t-on, des mots très durs quant aux conséquences d'un tel projet qui s'inscrit en totale "violation" du droit international. "Si elle était mise en œuvre, l'annexion constituerait une violation très grave du droit international, compromettrait gravement la perspective d'une solution à deux Etats et réduirait à néant les possibilités de reprise des négociations", a alerté, la semaine dernière, Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité.