En visite à El-Qods, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a fait part hier de la "sérieuse inquiétude" de son pays quant au projet israélien d'annexion de pans de la Cisjordanie occupée, en écho aux vives préoccupations de l'Union européenne. Lors d'une conférence de presse avec son homologue israélien, Gabi Ashkénazi, à l'issue d'une rencontre avec lui, M. Maas a indiqué lui avoir fait état de "la position allemande et des sérieuses inquiétudes (...) au sujet des conséquences éventuelles" du projet d'annexion controversé. "Nous pensons, comme l'Union européenne que l'annexion est incompatible avec le droit international", a-t-il ajouté, appelant à la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens et rappelant l'attachement de Berlin à la solution à deux Etats. Le 1er juillet, l'Allemagne prendra la présidence de l'Union européenne et c'est aussi à partir de cette date que le gouvernement israélien doit présenter sa stratégie pour traduire dans les faits le plan de l'Administration américaine pour le Proche-Orient. Annoncé fin janvier à Washington, ce projet prévoit l'annexion par Israël de ses colonies et de la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée et la création d'un Etat palestinien sur un territoire amputé. Aujourd'hui, 450 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie, auprès de plus de 2,7 millions de Palestiniens. L'UE s'oppose ouvertement au plan et a demandé au gouvernement israélien de renoncer à l'annexion, lui rappelant que la colonisation était contraire au droit international. Le ministre allemand doit ensuite se rendre en Jordanie, sans passer par Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, en raison du "peu de temps" et des mesures anti-coronavirus, selon Berlin. "Pour la première fois, les alliés politiques européens discutent de sanctions contre Israël", a assuré mardi le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, disant souhaiter qu'"Israël ressente la pression internationale". Il a ajouté que les Palestiniens avaient soumis une "contre-proposition" au plan américain. Ce texte, soumis "il y a quelques jours", prévoit la création d'un "Etat palestinien souverain, indépendant et démilitarisé", et propose d'apporter des "mineures modifications au tracé de frontières lorsque nécessaire", selon lui. Heiko Maas doit s'entretenir avec le Premier ministre palestinien par visioconférence, depuis Amman, où il rencontrera aussi son homologue Ayman Safadi. R. I./Agences