Le maire d'Alger-Centre salue la forte implication des citoyens de sa commune dans la prévention contre le coronavirus en énumérant les actions menées dans la première commune du pays. Il saisit l'occasion pour renouveler son vœu de "revoir le code communal et donner à l'élu plus de prérogatives et de compétences". Liberté : Comment votre commune a-elle fait face à la crise du coronavirus. Quelles sont les difficultés rencontrées dans la lutte contre ce virus ? Abdelhakim Bettache : Face au virus qui s'est invité sans prévenir, il fallait réagir vite et adapter notre stratégie au fur et à mesure pour éviter la catastrophe. Concrètement et pour faire face à ce virus virulent, nous avons commencé par l'installation d'une cellule de crise qui regroupait l'ensemble des services de la commune, ainsi que des intervenants extérieurs tels que les imams, les notables, les comités de quartier et les élus pour coordonner toutes les opérations, surtout celles liées au nettoyage et à la désinfection. Nous avons immédiatement lancé une campagne de sensibilisation pour la prévention et la lutte contre la pandémie en utilisant tous les supports de communication, dont un camion de publicité muni d'une sonorisation. Nous avons également fait appel à quelques entreprises opérant dans le domaine du nettoyage pour nous accompagner, et à titre gracieux, faut-il le souligner. Un plan d'urgence Orsec pour nous doter du matériel nécessaire dans ce genre de situation de crise a été décrété. D'autres actions de solidarité ont été engagées pour venir en aide aux familles dans le besoin. Il s'agit d'achat d'un matériel médical au profit du CHU d'El-Kettar. En délibération, l'Assemblée populaire de la commune d'Alger-Centre a alloué une cagnotte pour aider les citoyens de notre commune et même d'autres à faible revenu. Nous avons aussi installé des tunnels de désinfection au niveau de toutes les infrastructures gérées par la commune et avons ouvert un marché de solidarité pour les produits essentiels, tels que la semoule, la farine, l'huile et le sucre, dont l'approvisionnement était assuré par un opérateur économique. Plus de 200 distributeurs de gel désinfectant ont été installés dans les rues de la commune et plus de 30 dans les infrastructures, ainsi que trois structures métalliques avec 6 lavabos chacune, dotés de savon liquide pour permettre aux passagers de se laver les mains. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus ? Quel a été leur rôle? L'apport des citoyens est considérable. C'est aussi grâce à leur implication que nous avons pu mettre à leur disposition une assistance médicale à domicile en collaboration avec une société d'assistance médicale mobilisée au service de la population de la commune, ainsi qu'un numéro vert de la commune pour expliquer et prévenir la population des dangers de la propagation de cette pandémie. Nous avons mené plus de 200 interventions auprès des habitants de la commune suspectés d'avoir été touchés par la pandémie en leur fournissant une assistance médicale et psychologique. Dans un cadre participatif, les citoyens de la commune ont été associés aux actions engagées. Ils ont largement contribué à toutes les opérations de nettoyage, de désinfection, d'assainissement et de distribution de bavettes. Mais surtout dans les campagnes de sensibilisation où on a enregistré une mobilisation sans précédent de la population. Leur implication pour éviter la propagation de cette pandémie était déterminante. Ils ont fait montre d'un sens civique exemplaire. Je profite de l'occasion pour leur rendre hommage. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il revoir le statut de la commune ? J'ai toujours dit que l'Etat devait revoir le code communal et donner à l'élu plus de prérogatives et de compétences, surtout dans la gestion de crise car, pour l'instant, on ne dispose que du plan orsec dans ce genre de situation. La crise sanitaire que nous vivons vient rappeler justement cette nécessité. Cela va alléger la charge sur l'Etat. Comment envisagez-vous le monde de votre territoire après la pandémie ? Je suis optimiste pour l'avenir de ma ville ainsi que pour l'avenir du pays, surtout avec le sens de civisme et de solidarité dont ont fait preuve les jeunes des quartiers. Cela donne de l'espoir. Je suis convaincu que notre pays retrouvera toute sa place dans le concert des nations et son statut de perle de la Méditerranée.