En tant qu'élu, Fetheddine Semmoud estime qu'il faudrait tirer des leçons de cette pandémie. L'occasion est donnée donc de revoir l'ensemble des dysfonctionnements qui ont été relevés lors de la gestion de cette crise sanitaire. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise du coronavirus ? Fetheddine Semmoud : Etant donné que l'APC de Sidi Bel-Abbès fait partie du dispositif de prise en charge de cas suspects de la Covid-19 et travaille à la base et avec le secteur de la santé depuis le début de cette pandémie, nous avons mis en place, en avril 2020, une commission de suivi et d'évaluation de la situation sanitaire de la commune et de désinfection présidée par le P/APC et composée d'élus, du responsable du bureau de l'hygiène communal et des chefs de service de la commune. De suite, on a instauré un programme de désinfection avec du chlorure de chaux et le bactéricide virucide anti-coronavirus de l'ensemble des établissements scolaires, mosquées, administrations et unités de soins ainsi que la mise en place d'un plan d'intervention rapide pour l'évacuation des cas déclarés suspects vers l'unité de Covid-19. En parallèle et avec la participation des associations de la société civile, on a procédé à deux autres opérations de désinfection des bâtiments, habitations, locaux commerciaux et l'ensemble des artères de la ville, les établissements de santé publique de proximité, annexes de l'APC, les bureaux de poste et agences bancaires.
Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus, et quel a été leur rôle ? Depuis le début de cette crise sanitaire et hormis l'implication directe des responsables, des élus, des agents communaux et le personnel médical des établissements de santé et les membres du mouvement associatif qui ont brillé par leurs différentes actions de solidarité, notamment la confection et la distribution gratuite de bavettes ainsi qu'à travers les campagnes de sensibilisation et de nettoiement, on a constaté que la plupart des citoyens de la ville n'ont pas du tout collaboré de manière positive pour lutter contre la propagation de l'épidémie, surtout en ce qui concerne le respect des mesures préventives, notamment la distanciation sociale, le port de bavette, l'hygiène des mains et le respect du confinement. Autrement, on ne serait jamais arrivé à ce nombre de décès et de contaminations. Le comportement du citoyen face à cette pandémie a été négatif. En plus, il s'est distingué par un manque d'éducation sanitaire allant même jusqu'à douter de l'existence de cette épidémie.
La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune en lui accordant des compétences larges pouvant lui permettre de mieux gérer les affaires publiques ? Le statut de l'APC doit être revu à travers la nouvelle Constitution pour donner plus d'attributions au P/APC et aux élus. En ce qui me concerne, je suis tout à fait d'accord et je saisis cette occasion pour proposer aussi l'implication directe des élus de l'APC dans la gestion de la prévention sanitaire au niveau de la commune, notamment la vaccination et tout ce qui est lié à la réalisation des structures de santé de proximité selon la densité et le taux de natalité de chaque quartier et donner plus de prérogatives et d'autorité au P/APC. Donc, à travers votre quotidien, je lance un appel aux responsables locaux du secteur de la santé pour la création de centres de médecine préventive au niveau de chaque établissement de santé de proximité et donner plus d'attributions aux élus locaux quant à la carte sanitaire liée à la prévention.
Comment envisagez-vous le devenir de votre commune après la pandémie ? La pandémie nous a appris beaucoup de leçons, et c'est une occasion pour nous en tant qu'élus de revoir l'ensemble des failles, insuffisances et dysfonctionnements qui ont été relevés lors de cette crise sanitaire. Donc, il est temps de corriger les stratégies de gestion des crises sanitaires en donnant plus de moyens à l'APC dans le domaine de l'hygiène et de la prévention, à travers la hausse de son budget et le recrutement du personnel de santé et des vétérinaires ainsi que de l'environnement. Aussi, il faut œuvrer pour doter le bureau d'hygiène d'un laboratoire d'analyses, de moyens logistiques de désinfection et relancer une réelle collaboration entre le secteur de la santé et l'APC. Désormais, il faut aussi instaurer un programme pour l'entretien périodique des vide-sanitaires dans les bâtiments en impliquant les citoyens dans la prévention.