Le parti islamiste Ennahdha, au cœur de vives critiques en Tunisie, semblerait décidé à faire tomber le Premier ministre Elyas Fekhfakh, prenant le risque de provoquer une nouvelle crise politique dans un pays au bord du gouffre, en raison de la crise sanitaire du coronavirus qui a mis à genoux le poumon économique du pays : le tourisme. Dirigé par Rached Ghannouchi, qui préside aussi le Parlement tunisien, Ennahdha a affirmé samedi soir qu'il allait revoir la question du maintien de Fekhfakh à la tête du gouvernement, après les révélations par un député d'un présumé conflit d'intérêts impliquant le Premier ministre. Le député Yassine Iyari, élu sur la liste du mouvement Al-Amel en 2019, a révélé la semaine dernière des documents officiels sur un marché d'un coût de 15 millions de dollars, obtenu par une entreprise dont l'actuel Premier ministre est l'un des actionnaires. Tout en lui accordant le bénéfice du doute, Ennahdha affirme toutefois dans un communiqué qu'il suit de près les enquêtes en cours sur un "soupçon de conflits d'intérêts qui hantent le Premier ministre et qui ont nui à l'image de la coalition gouvernementale, afin de réévaluer la position du gouvernement et de sa coalition et de la présenter au Conseil de la Choura pour prendre la décision appropriée". Cette affaire a provoqué la polémique en Tunisie, où la pandémie de coronavirus a aggravé la situation économique du pays, ce qui a fragilisé le Premier ministre, qui conteste toutefois toutes les accusations à son encontre. La justice a engagé une enquête pour statuer sur ce dossier. Le ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, Mohamed Abbou, a affirmé qu'un rapport final sera prêt d'ici à trois semaines. Lyès Menacer