Le parti Qalb Tounes (Cœur de Tunisie) a rappelé dimanche soir son refus de composer avec Ennahdha, faisant taire les rumeurs incessantes circulant à ce sujet. Les négociations entre les partis politiques pour la formation du futur gouvernement en Tunisie vont bon train. Le parti islamiste semble bien engagé pour faire sortir de ses rangs le futur chef du gouvernement en concertation avec d'autres partis. Arrivé en tête des législatives du 6 octobre, Ennahdha a annoncé dimanche soir que le Premier ministre sera issu de son parti sans toutefois préciser le nom de son candidat à ce poste. "Après une réunion marquée par des débats approfondis et francs, le conseil Al Choura (consultatif) affirme qu'il lui revient de former un gouvernement qui sera présidé par une personnalité issue de ce parti", a déclaré Abdelkarim Harouni, président de ce conseil. "Le futur chef du gouvernement doit être issu d'Ennahdha" puisque ce parti est le vainqueur des législatives, a rappelé encore M. Harouni, ajoutant que "le dialogue se poursuivra pour décider qui sera cette personnalité". Mais à défaut d'avoir obtenu la majorité, le parti islamiste devra d'abord résoudre la difficile question des alliances. Avec seulement 52 sièges remportés sur 217, Ennahdha doit convaincre d'autres partis politiques pour espérer gouverner. Et ce n'est pas encore gagné. Hier, le Mouvement du peuple, Echaab, qui a obtenu 16 sièges, a fait savoir qu'il ne participera pas à un gouvernement formé par Ennahdha. C'est ce qu'a déclaré le secrétaire général du Mouvement du peuple, Zouhaier Maghzaoui. "Ennahdha faisait partie de l'échec du pouvoir et va œuvrer pour le reproduire", a-t-il souligné dans une déclaration à l'agence TAP, ajoutant que le prochain gouvernement connaîtra le même sort. Le parti Qalb Tounes a lui aussi rappelé son refus de composer avec la formation de Rached El-Ghannouchi. "Les députés du parti Qalb Tounes resteront fidèles au groupe et attachés à son appartenance partisane, à ses positions et à son programme", a indiqué le parti dans une déclaration publiée dimanche, faisant taire des rumeurs incessantes circulant ces derniers jours à ce sujet. Excluant par ailleurs de composer avec le parti destourien libre (PDL), 17 sièges, le parti d'inspiration islamiste s'est tourné vers d'autres formations politiques sans grande envergure, selon les résultats des dernières législatives. Des premières négociations ont été menées dans ce sens, selon le président du Conseil (Al Choura) M. Harouni, qui a précisé que le président d'Ennahdha, Rached El-Ghannouchi, a entamé des contacts avec les partis Courant démocrate (Attayar), Tahya Tounes et la coalition Al-Karama ainsi que des organisations, à l'instar de l'UGTT, l'UTICA et l'UTAP. M. Harouni a qualifié ces contacts de "positifs", estimant qu'ils ont ouvert la voie à des négociations "sérieuses" pour la formation d'un gouvernement en tenant compte de l'intérêt supérieur du pays.Lequel gouvernement, a-t-il expliqué, sera formé sur la base d'un programme visant à relever les défis économiques et sociaux, à lutter contre la corruption, à préserver le pouvoir d'achat des citoyens, à stimuler l'emploi et à renforcer la sécurité. S'agissant du nom du futur chef du gouvernement – si ce dernier est issu d'Ennahdha –, trois favoris sont pressentis pour ce poste, selon la presse tunisienne. Le président du parti Rached El-Ghannouchi, le président du Conseil de la Choura Abdelkrim Harouni, et enfin l'actuel ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Zied Laadhari.