Le parti islamiste Ennahdha a opté pour son dirigeant Rached Ghannouchi pour la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais il a reporté l'annonce du nom du futur Premier ministre, répétant qu'il sera issu de ses rangs, alors qu'une majorité de la classe politique et des Tunisiens rejettent cette option. Arrivé en tête des législatives tunisiennes d'octobre dernier, Ennahdha a indiqué hier qu'il proposait son chef historique Rached Ghannouchi pour le poste de président du Parlement. Ennahdha a remporté les législatives du 6 octobre en décrochant 52 sièges, loin toutefois de la majorité (109), et le parti conduit des négociations ardues en vue de la formation d'un nouveau gouvernement. "Il a été décidé de présenter la candidature de Rached Ghannouchi pour la présidence du Parlement", a déclaré lors d'une conférence de presse à Tunis Abdelkarim Harouni, le chef du Conseil de la choura, l'organe consultatif du parti. "La priorité va au Parlement, parce que c'est au sein de l'Assemblée que les lois et les décisions sont prises", a-t-il dit. Le parti Ennahdha n'a en revanche toujours pas indiqué à quelle personnalité il souhaitait voir confier la tâche de former un nouveau gouvernement. Il a pour cela jusqu'à vendredi prochain. Devant la presse, M. Harouni a affirmé que le nom de Rached Ghannouchi avait été précédemment suggéré par le Conseil de la choura pour tenir ce rôle. Mais il a finalement été décidé de donner la priorité au Parlement, a-t-il expliqué. Pour rappel, les noms de Samir Dilou, d'Abdellatif al-Mekki et d'Abdelhamid al-Djelatti, circulent parmi les personnalités qu'Ennahdha voudrait proposer pour diriger le gouvernement, selon des sources internes. Le nouveau Parlement doit tenir sa première session plénière mercredi. Les députés auront d'abord à trancher sur le choix d'Ennahdha, mais d'ici-là, les tractations vont se poursuivre pour tenter de dégager un consensus et d'éviter le probable scénario d'une nouvelle législative qui ne ferait que compliquer la situation en Tunisie. Car, l'entêtement d'Ennahdha à garder pour lui le poste de Premier ministre (même s'il est dans son droit comme le stipule la constitution tunisienne), risque de l'empêcher d'obtenir les 109 voix dont il aura besoin pour former son gouvernement. Outre les partis qui refusent totalement d'en faire partie, il y a certains qui négocient leur participation au futur gouvernement, en réclamant une personnalité indépendante pour le diriger, tandis que d'autres souhaitent un gouvernement de technocrates ou d'union nationale pour mener à bout les réformes économiques, déjà lancées par l'actuel chef de l'Exécutif Youssef Chahed.