La puissante centrale syndicale UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) a appelé la semaine dernière à former le nouveau gouvernement au plus vite pour répondre à l'urgence économique et sociale. De nombreuses informations contradictoires ont circulé dans la nuit de vendredi à hier autour des éventuels candidats au poste de Premier ministre en Tunisie, où la formation du nouveau gouvernement tarde à voir le jour. Un mois après la tenue des élections législatives qui ont placé Ennahdha en tête du classement avec 52 sièges sur 217, le parti islamiste peine à proposer un nom consensuel. Alors que la candidature du leader du parti, Rached Ghannouchi, est contestée de l'intérieur comme de l'extérieur, Ennahdha aurait opté pour une personnalité "indépendante", selon certaines informations. Le parti islamiste aurait ainsi décidé de proposer le nom de Mustapha Ben Jaafer au poste de Premier ministre, a rapporté vendredi soir la radio tunisienne privée Mosaïque FM. La décision devrait être rendue lors de la réunion du conseil de la choura (conseil national) d'Ennahdha aujourd'hui, explique la radio, se rapportant à une source bien informée. Eloigné des feux de la rampe depuis qu'il a cédé en 2017 la présidence de son parti Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés), M. Ben Jaafer avait déjà occupé le poste de l'Assemblée constituante, née de la révolution de 2011 qui a entraîné la chute de l'ancien régime du défunt président Zine al-Abidine Ben Ali. Il avait occupé auparavant le poste de ministre de la Santé dans le gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, le 17 janvier 2011, avant de démissionner quelques jours plus tard. L'agence de presse Reuters a rapporté, elle aussi, citant deux sources internes du parti, qu'Ennahdha "pourrait choisir un candidat ne faisant pas partie de ses rangs pour diriger le prochain gouvernement". Selon la Constitution tunisienne, il revient de droit au parti arrivé à la tête des législatives de choisir le Premier ministre sorti de ses rangs. Mais il peut opter pour un nom en dehors du parti, surtout qu'Ennahdha n'a pas de majorité confortable dans la nouvelle assemblée et de nombreux partis refusent de faire partie du futur exécutif. Ennahdha doit par ailleurs obtenir 109 voix sur les 217 au Parlement pour former son gouvernement. Ce qui l'oblige aujourd'hui, peut-être, à céder aux revendications d'une partie de la classe politique tunisienne qui réclame un gouvernement de technocrates dirigé par une personnalité indépendante. "Il est possible qu'une personnalité n'appartenant pas à un parti soit nommée à la tête du prochain gouvernement", a déclaré à Reuters un dirigeant du parti sous le couvert de l'anonymat. "Ennahdha est également susceptible d'accepter la présidence du parlement et d'approuver une personnalité indépendante capable de gagner la confiance de tous les partis dans la coalition", affirme la même source à Reuters. Le nom de Mustapha Ben Jaafer semblerait donc être idéal pour diriger le gouvernement, alors que Rached Ghannouchi pourrait se contenter de présider le Parlement, selon d'autres sources d'Ennahdha. Mais d'autres informations contradictoires avancent trois autres noms, tous issus du parti islamiste (en plus de M. Ghannouchi), pour diriger le futur exécutif. Il s'agit, selon un dirigeant d'Ennahdha, de Samir Dilou, de Abdellatif al-Mekki et de Abdelhamid al-Djelatti, a rapporté le quotidien arabophone en ligne Hakaek online. Pour rappel, Ennahdha dispose encore d'un mois pour former son gouvernement. Si le parti échoue, le président Kaïs Saïed désignera une personnalité pour former le gouvernement dans un délai n'excédant pas aussi les deux mois. En cas d'échec, de nouvelles législatives seront convoquées, ce qui n'est pas pour favoriser les intérêts d'une Tunisie en besoin urgent de sortir de la crise socioéconomique dans laquelle elle se trouve.