Kaïs Saïed, sans parti politique, pourra compter sur le parti majoritaire, Ennahdha, et les indépendants pour faire alliance à même de permettre l'émergence d'un chef de gouvernement. Le président Kaïs Saïed, élu dimanche avec 72,71% selon les résultats officiels de l'Instance de surveillance des élections (Isie), devra désormais se tourner vers le Parlement avec lequel il devra composer pour gouverner. Sans majorité franche, l'assemblée est déjà au cœur de grandes tractations en vue de constituer des alliances à même de permettre l'émergence d'un Premier ministre. Le parti islamiste Ennahdha, arrivé en tête des résultats des législatives, en remportant 52 sièges, est d'ores et déjà à la manœuvre. Le conservateur Rached Ghannouchi, dont le parti Ennahdha est la première force politique du pays, pourra se révéler l'homme sur lequel pourra compter le président Kaïs Saïed. Le président du conseil de la choura d'Ennahdha, Abelkarim Harouni, a estimé hier que le président du mouvement, Rached Ghannouchi, fraîchement élu député au Parlement, "est le candidat naturel du parti pour la présidence du gouvernement". "Cette question sera débattue d'ici la fin de la semaine lors du conseil de la choura. Et le président du mouvement doit exprimer sa position sur cette question ou proposer un candidat", a-t-il aussi déclaré lors de son passage hier sur Diwan FM. Abdelkarim Harouni a également indiqué qu'"il serait dans l'intérêt de la Tunisie à ce que Rached Ghannouchi soit président du Parlement ou du gouvernement". Toutefois, avant, il va falloir que le parti islamiste gagne la confiance des autres partis qui siègent dans la nouvelle assemblée, ainsi que celui des indépendants. Et pour cause, le gouvernement devra recueillir une majorité, 109 voix minimum, lors d'un vote de confiance à l'assemblée. Le président Kaïs Saïed pourra également compter sur le soutien des indépendants pour former cette majorité parlementaire. Les indépendants qui occuperont le tiers de l'Assemblée de représentants du peuple (ARP) sont donc en ce moment très courtisés. Sans parti politique, Kaïs Saïed pourrait faciliter les négociations. Sachant par ailleurs que les indépendants ne constituant pas un groupe homogène, car issus des multiples courants, islamistes, "révolutionnaires", modernistes, populistes, centristes, ils pourront facilement accepter de composer avec les partis politiques de l'assemblée afin de constituer une majorité à même de permettre l'émergence d'un chef de gouvernement. Ceci en théorie. Dans le cas où le Parlement n'arriverait pas à dégager une majorité, scénario du pire, les électeurs tunisiens pourraient être convoqués de nouveau pour des législatives anticipées dans trois mois.