La défense d'Ali Ghediri, en détention provisoire depuis 13 mois, a décidé d'introduire une demande de liberté provisoire. Cela fait treize mois que le général à la retraite Ali Ghediri est en prison. Son dossier judiciaire est dans l'impasse. Ses avocats craignent pour sa santé et décrivent un homme abattu, affaibli malgré son courage légendaire. Derrière les barreaux de la prison d'El-Harrach où il a été placé en détention provisoire en juin 2019, le général Ali Ghediri continue de clamer son innocence. Après avoir obtenu la levée, le 10 juin dernier, de l'accusation d'espionnage, l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019 est toujours poursuivi, par la chambre criminelle de la Cour d'Alger, pour "atteinte au moral des troupes". Une accusation qu'il réfute. "Il a refusé catégoriquement la deuxième accusation, pour ‘crime'. J'ai donc déposé le mémoire de cassation auprès de la Cour suprême hier mardi", indique Nabila Selimi Benhamdine, son avocate, que nous avons contactée au téléphone hier. La juriste indique que son mandant refuse de comparaître pour un "crime inexistant". Parce que dans les faits, "le dossier est vide". La justice lui reproche en réalité une phrase, extraite d'un entretien accordé au journal El Watan en décembre 2018. Il y indique, entre autres, que l'armée devait "protéger le processus électoral". Depuis, l'homme a pu vivre normalement et s'est même porté candidat à l'élection présidentielle, avortée, d'avril 2019. À son arrestation, en juin 2019, Ali Ghediri était accusé de "trahison" pour "avoir fourni des documents" à des "parties étrangères". Mais cette accusation a fini par être retirée car "non fondée", explique Me Nabila Selimi Benhamdine. Mais l'autre accusation demeure et il "ne comprend pas pourquoi tous ceux qui sont accusés (en correctionnelle et non en criminelle comme lui) pour les mêmes faits sont libérés sauf lui", indique la juriste. Elle dit craindre pour le moral de son client. Car, le pourvoi en cassation, introduit par Ali Ghediri, risque de prendre "au moins 9 mois", rien que pour que la Cour suprême puisse dire si le recours était recevable ou pas. La programmation du procès interviendra donc plus tard. Devant l'impasse, les avocats d'Ali Ghediri ont décidé d'introduire une demande de liberté provisoire. Elle sera introduite le 12 juillet prochain. Deux autres demandes introduites depuis une année ont été rejetées par la justice. Entre-temps, Ali Ghediri a rendu publique une lettre adressée au président de la République. "Loin de nous l'idée de demander au président de la République de se mêler de la justice. Mais il peut demander au parquet d'accélérer la procédure et c'est totalement légal", explique Me Nabila Selimi Benhamdine. En attendant, l'avocate décrit un homme abattu, pâle. "Il n'est pas malade. Il tient toujours, mais il est abattu", indique l'avocate qui décrit un homme désespéré. Surtout que comme les autres détenus, cela fait quatre mois qu'il n'a pas vu sa famille.