Les congressistes devront amorcer un processus de légitimation pour permettre au parti de retrouver sa sérénité d'autant qu'une des figures accusées d'être à l'origine du blocage, en l'occurrence Ali Laskri, a décidé de ne pas prendre part à ce congrès. Empêtré dans une crise sans précédent depuis au moins deux ans, le plus vieux parti d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS), s'apprête à tenir ce vendredi son congrès extraordinaire, un rendez-vous décisif pour cette formation orpheline de son président charismatique, le défunt Hocine Aït Ahmed. Principal enjeu des assises : l'élection d'une nouvelle instance présidentielle appelée à remettre de l'ordre dans la maison en perspective de la tenue d'un congrès ordinaire dans une année. S'il s'agit a priori pour le parti de transcender la crise organique qui le minait, rythmée par des purges, des tiraillements sur l'interprétation des statuts et des divergences sur la ligne politique adoptée ces deux dernières années, il s'agit également pour les congressistes d'adopter une feuille de route politique dans cette séquence historique. "L'impératif organique ne doit pas prendre le dessus sur le défi politique pour redonner au FFS la place qui lui revient sur l'échiquier politique national, notamment en cette conjoncture d'éveil collectif et de mobilisation pacifique extraordinaire de notre peuple, déterminé à reconquérir sa souveraineté", souligne l'actuel premier secrétaire Hakim Belahcel qui pilote une des deux listes en compétition, l'autre étant conduite par l'ancien premier secrétaire Ahmed Djedaï. Il y a comme un aveu en creux que le FFS, en raison de la paralysie qui a frappé ses structures et le bras de fer en sourdine que se livraient les diverses ailes, a manqué de jouer le rôle auquel il pouvait aspirer dans l'encadrement de l'insurrection citoyenne de février 2019. Ce vendredi donc, au-delà de la nécessité de tourner la page de la crise organique, les 836 congressistes attendus (avec probablement des défections en raison de la crise sanitaire et des contraintes de déplacement pour certains militants) devraient s'entendre sur une instance qui va gérer la période de transition jusqu'au prochain congrès. Ils devront amorcer ainsi un processus de légitimation pour permettre au parti de retrouver sa sérénité d'autant qu'une des figures contestées et accusées d'être à l'origine du blocage, en l'occurrence Ali Laskri, a décidé de ne pas prendre part à ce congrès. Autre atout : le soutien de Mohand Amokrane Chérifi, sherpa du parti (absent en raison de l'immobilisation de vols internationaux), aux congressistes. Dans un message, dont nous détenons une copie, il exprime sa "haute considération pour tous les candidats à l'instance présidentielle qui, quel que soit le résultat de l'élection, ont honoré le parti par leur participation à cette élection et leur engagement à œuvrer pendant cette période de préparation du 6e Congrès national ordinaire à l'unité et à la cohésion des rangs du parti pour affronter, dit-il, tous ensemble les épreuves et les défis, actuels et futurs, les appelant à agir après l'élection dans le strict respect des valeurs et des principes du parti". Restera, cependant, la question essentielle, notamment celle de savoir comment le FFS réussira à éliminer les soupçons dans cette conjoncture politique que tentent de lui coller de temps à autre ses contempteurs par rapport à certains de ses positionnements politiques ? Il y a peu de temps, l'une des ailes du parti accusait l'autre de s'inscrire dans l'agenda du pouvoir. Une accusation à chaque fois rejetée, mais qui persistait à parasiter la sérénité du parti. La réponse se trouve peut-être dans cet engagement de la liste de Hakim Belahcel et certainement de l'autre liste : jouer la carte de la transparence. "Remettre au centre de notre action les résolutions du 5e congrès qui s'imposent à tous jusqu'au 6e congrès, notamment la reconstruction du consensus national. Le débat doit être ouvert et toute opinion respectée. Les décisions devront ensuite être tranchées par les instances du parti et respectées par tous." Assurément, le parti est à un tournant décisif. Outre les défis qui l'attendent, il doit rattraper le temps perdu.