Propulsée brusquement sur le devant de la scène sanitaire, Biskra est dangereusement cernée par le coronavirus. Brûlée par la chaleur d'été et meurtrie par le virus mortifère, la porte du désert s'ouvre sur l'enfer. Durant les dernières 24 heures, elle a encore enregistré 50 nouveaux cas de contamination par le coronavirus, portant à 393 le bilan des cas positifs. En visite mercredi dernier dans la wilaya dont il est natif, le ministre de la Santé a constaté de visu le calvaire de la population locale désarmée face au virus. Loin des discours rassurants, Benbouzid a pu observer les "insuffisances et les imperfections notamment au sein de l'hôpital Hakim-Saâdane où la gestion suscite déception et colère". Contrairement à Zeribet El-Oued où le ministre semble avoir été satisfait, cela n'a pas été le cas concernant Sidi Okba, un des plus importants foyers de propagation. Les soignants, qui prennent en charge les malades contaminés dans la structure hospitalière de cette ville, relèvent, entre autres, le manque criant d'effectifs, dont la raison principale est liée, selon eux, au nombre important de leurs collègues ayant déposé des arrêts de travail, dès la hausse exponentielle des cas de contamination. À ce sujet, Benbouzid en appelle à l'application de la loi en sommant le personnel médical en congé de regagner son poste. Le personnel soignant de cette partie de la wilaya a aussi plaidé pour un hôpital "digne de ce nom". Le ministre a promis de s'en occuper. Arrivé à Hakim-Saâdane, vers 19h, Benbouzid a été accueilli par un personnel médical et paramédical en colère, brandissant des pancartes décrivant les conditions de travail "déplorables", et sur lesquelles, on pouvait lire des messages hostiles à la Direction de la santé. Les protestataires scandaient sans arrêt devant le premier responsable du secteur de la santé "DSP dégage !". Essayant de calmer les esprits, l'hôte de Biskra a promis de changer les choses. "Je vais entreprendre une enquête, et je prendrai les mesures nécessaires concernant la mauvaise gestion", a-t-il déclaré en substance, tout en faisant savoir que "Biskra aura, et dès aujourd'hui, son appareil de dépistage PCR". Le Dr Khaoula Benadi, anesthésiste-réanimatrice, représentante du Syndicat national des paramédicaux, ainsi que d'autres citoyens dressant un tableau sombre de "l'état de santé" de cet établissement hospitalier ont rapporté au premier patron du secteur les besoins urgents et les préoccupations du secteur de santé dans la région. À l'issue de cette visite, une rencontre-débat présidée par le ministre a été organisée au siège de la wilaya, et à laquelle ont pris part les élus et les responsables locaux, un nombre de praticiens de la santé et des représentants du mouvement associatif. Après son intervention, le ministre a ouvert le débat, invitant l'assistance à parler à cœur ouvert, à débattre de ce dont souffre réellement la wilaya en matière de santé. Loin de tout optimisme excessif, le représentant du gouvernement a reconnu que "la hausse du nombre des cas de Covid a eu un impact négatif sur la capacité des hôpitaux à admettre plus de patients. La semaine passée, nous avons envoyé des respirateurs, du matériel de réanimation, et aujourd'hui, nous avons apporté un appareil de dépistage PCR", conclut-il. H. BAHAMMA