L'inquiétude et l'étonnement exprimés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la séance de travail qu'il a présidée jeudi soir et consacrée à la situation sanitaire dans le pays, sonnent comme un aveu d'échec de la stratégie de lutte contre l'épidémie de coronavirus. Selon les termes du communiqué de la Présidence relayé par l'APS, le chef de l'Etat est allé jusqu'à critiquer l'approche de la prise en charge de la maladie. En fait, les nouvelles instructions de Tebboune se veulent des solutions aux difficultés soulevées par les médecins qui sont en première ligne. En présence du Premier ministre, des ministres de l'Intérieur, de la Santé, de l'Industrie pharmaceutique, des services de sécurité et des walis d'Alger, d'Oran, de Biskra, de Sétif et d'Ouargla et des membres du Comité scientifique, Abdelmadjid Tebboune a mis le doigt sur "une mauvaise répartition des moyens entre hôpitaux, notamment en termes de nombre de lits disponibles. Une situation qui s'est répercutée sur la qualité de la prise en charge des malades". Pour étayer le bien-fondé de son constat, le président Tebboune s'est montré étonné face au problème d'hospitalisation en dépit de la disponibilité de lits. Il citera, d'ailleurs, le cas édifiant de la capitale "où sur les 5 700 lits que totalisent les 13 hôpitaux, 643 lits seulement sont réservés aux malades du Covid-19". Autrement dit, il y a "rétention" des lits d'hospitalisation. Pourquoi et qui en est responsable ? En attendant, le président de la République a appelé à adopter une stratégie permettant la prise en charge des malades dans leur wilaya pour désengorger les hôpitaux à grande affluence. Aussi, a-t-il relevé le manque, voire l'absence de coordination entre les différents paliers de la gestion de la pandémie. "Si la responsabilité des gestionnaires locaux était établie en raison de l'absence de coordination entre eux, et parfois même avec leur tutelle, il n'en demeure pas moins qu'elle est partagée avec les citoyens qui n'observent pas les mesures de prévention, suivies de par le monde", martèlera sans détour le chef de l'Etat. Il n'a pas omis de critiquer la stratégie de communication des autorités compétentes dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Un autre échec à mettre sur le dos des "mentors" de cette approche de Com qui a montré ses limites. Le premier magistrat du pays a d'ailleurs ordonné "la révision de la stratégie de communication basée sur la simple énonciation des chiffres. Une stratégie doit plutôt s'appuyer sur des explications plus pertinentes à travers les radios locales et des messages plus éloquents pour sensibiliser les citoyens aux dangers du non-respect de la distanciation physique et des mesures de prévention dans les lieux de rassemblement". Face à toutes ces lacunes "cumulées" tout au long de cette grave crise sanitaire, le président de la République a décidé d'un nombre de mesures devant contribuer à garder la situation sous contrôle. Pour réduire la pression sur l'Institut Pasteur, les laboratoires, publics et privés, sont autorisés à procéder aux analyses de dépistage de la Covid-19. Le président de la République octroie aussi aux walis des prérogatives de réquisition des moyens disponibles pour une exploitation optimale à des fins de consolidation des stocks permanents de moyens de dépistage et d'oxygène médical. En cas de besoin de renforcement des effectifs des personnels soignants, il a été recommandé la "réquisition des médecins des entreprises et sociétés en arrêt d'activité en contrepartie d'incitations financières". Pour espérer parvenir à briser la chaîne de transmission de la Covid-19, le chef de l'Etat a décrété un dispositif de restrictions lié à la circulation routière depuis hier vendredi. Hanafi H.