Selon les estimations des experts onusiens, jusqu'à 6 000 enfants pourront mourir chaque jour au cours des six prochains mois, si les fonds nécessaires pour la lutte contre l'insécurité alimentaire ne sont pas mobilisés à temps. L'aggravation de la crise sanitaire du coronavirus (Covid-19) a entraîné une hausse des niveaux de faim à travers de nombreux pays, selon un nouveau rapport de l'Organisation des Nations unies (ONU), rendu public vendredi soir, avertissant contre une catastrophe dans les mois à venir. "Les populations de quelque 25 pays devraient être confrontées à des niveaux de faim dévastateurs dans les mois à venir en raison des répercussions de la pandémie de Covid-19", affirme ce rapport, basé sur les données fournies par les deux agences onusiennes : le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). "Le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë dans ces pays à risque pourra passer de 149 millions avant la Covid-19 à 270 millions avant la fin de l'année si une aide vitale n'est pas fournie d'urgence", a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du PAM, lors d'un point de presse virtuel depuis Genève, dont des extraits ont été repris sur le site d'information de l'ONU. "En Afrique de l'Ouest, le Rapport mondial sur les crises alimentaires (RMCA 2019) estimait qu'à la fin de l'année 2019, plus de 12 millions de personnes dans 16 pays analysés étaient en situation de crise ou pire dans la région du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest au sens large", rappelle le rapport en question, soulignant que "près de 19 millions de personnes devraient se retrouver dans des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2020, selon les estimations antérieures à Covid-19." Les pays d'Amérique du Sud et des Caraïbes, ainsi que certains pays du Moyen-Orient et d'Asie du Sud sont aussi concernés par cette crise alimentaire qui touche aujourd'hui même les pays à revenus intermédiaires, alerte l'ONU. "Si les besoins se concentrent surtout en Afrique, les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, du Moyen-Orient et d'Asie, y compris les pays à revenus intermédiaires, sont également ravagés par des niveaux d'insécurité alimentaire paralysants", expliquent les deux agences onusiennes, appelant l'ensemble des acteurs humanitaires et les bailleurs de fonds à fournir l'aide nécessaire pour éviter un drame à grande échelle. "Ne pas agir maintenant serait dangereusement manquer de perspicacité", mettent en garde la FAO et le PAM. Pour éviter le pire, le PAM renforce son action pour fournir une aide alimentaire à un nombre sans précédent de 138 millions de personnes qui sont confrontées à des niveaux de faim désespérés dans le monde. "Mais le coût de la réponse du PAM à cette insécurité alimentaire croissante est estimé à 4,9 milliards de dollars, avec 500 millions de dollars supplémentaires destinés à prévenir l'apparition de la famine dans les pays les plus menacés", alerte le rapport, précisant que "ce montant représente plus de la moitié du Plan mondial d'intervention humanitaire Covid-19 actualisé, le plus grand appel de fonds de l'histoire des Nations unies, lancé vendredi, pour plus de 10 milliards de dollars". Lyès Menacer