Une baisse qui explique la hausse du prix du poisson. La production de poissons, toutes espèces confondues, a enregistré une baisse sensible dans les deux ports de la wilaya de Aïn Témouchent, malgré le fait que ces deux infrastructures portuaires assurent une autosuffisance alimentaire, alors que leur production annuelle globale a atteint 20% de la production nationale estimée entre 100 000 et 120 000 t particulièrement le poisson bleu. En effet, contrairement à 2018 qui a enregistré une production de 23 000 t de poisson, en 2019 celle-ci est passée à 16 000 t. Une chute vertigineuse de la production qui explique en fait la hausse du prix de poisson. C'est ce que nous a déclaré Rouane Haçane Djilali, président de la Chambre de pêche et d'aquaculture de la wilaya de Aïn Témouchent. "Cette chute de la production n'est pas propre à la wilaya de Aïn Témouchent, puisqu'elle a touché la quasi-totalité des ports de pêche du littoral national", a-t-il expliqué, même s'il reconnaît l'existence d'autres raisons qui ont influé sur les prix du poisson. Pour preuve, de grandes quantités de poisson vont vers d'autres wilayas. Il n'y a qu'à faire un tour au port de Bouzedjar pour constater cette file de camions frigorifiques immatriculés dans toutes les wilayas, dont celles de l'intérieur du pays. M. Rouane nous a indiqué que trois facteurs influent sur le prix du poisson, dont la diminution du nombre de sorties des bateaux de pêche en raison du mauvais temps, la cherté des équipements, du matériel et des pièces détachées, et la dégradation du matériel ainsi que le prix élevé du carburant qui a gonflé les charges des patrons des chalutiers et des sardiniers. Sur un autre plan, la flottille du port de Béni Saf est composée d'une centaine d'embarcations en activité, tandis que celui de Bouzedjar compte 120 embarcations dont 49 chalutiers, 71 sardiniers et 58 petits métiers actifs immatriculés à Bouzedjar port d'attache en plus de ceux immatriculés hors wilaya. Cependant, le véritable problème se situe dans la saturation des deux ports qui n'arrivent plus à contenir le nombre des embarcations. "Nous avons demandé l'inscription de deux opérations d'extension des deux ports. Nous avons reçu un accord de principe pour le port de Béni Saf en attendant celui de Bouzedjar. C'est déjà un acquis", nous dira M. Rouane, qui précisera que l'objectif de la chambre de pêche est de se mettre en adéquation avec le nouveau plan du gouvernement qui consiste à encourager la pêche en haute mer. "Aïn Témouchent dispose de nombreuses zones de pêche qui ne sont pas exploitées car nécessitant de nouvelles infrastructures, dont l'extension du port, le développement des moyens ainsi que le renouvellement de la flottille qui ne se limite qu'à la pêche côtière et sa diversification", ajoutera le président de la Chambre de pêche. Pour lui, les capacités humaines existent aussi bien sur le plan du nombre que celui de la qualité à travers l'expérience acquise et comptabilisée à travers les générations. Sur cette question, notre interlocuteur a ouvert une parenthèse en évoquant les difficultés que trouvent les professionnels du métier pour acquérir des connaissances à travers les stages de formation ou de bénéficier d'une promotion avec le durcissement des critères, notamment ceux liés au niveau d'instruction. "La plupart des marins n'ont pas le niveau d'instruction requis et se trouvent pénalisés. Il faudra revoir les conditions de formation. C'est l'une des préoccupations du marin pêcheur qui est prêt à suivre une formation et à améliorer son expérience, sachant que les gens de la mer tiennent à leur métier", regrettera M. Rouane. Ce dernier n'a pas caché sa satisfaction quant à l'indépendance de gestion des deux ports dont a bénéficié la wilaya de Aïn Témouchent, à travers la création d'une unité de gestion qui dépend de la société des ports de pêche et qui a été mise en service cette année. Alors qu'auparavant la gestion des deux ports dépendait respectivement de Ghazaouet et d'Oran. Cette restructuration a permis à nos deux ports de bénéficier de nombreuses opérations d'aménagement, en dehors de l'extension du port de Béni Saf, dont la réalisation des cases pêcheurs et de garages à bateaux pour les plaisanciers, le revêtement du terre-plein ainsi que 10 ateliers, 60 cases pêcheurs, l'éclairage public, le réseau d'AEP et des bouches d'incendies. Pour le port de Bouzedjar, il y a les cases pêcheurs, les garages à bateaux pour les plaisanciers, 5 ateliers (soudure, tourneurs...), l'aménagement de la voirie en terre-plein. Cependant, le port de Béni Saf souffre d'un véritable problème de dragage de sable qui n'a pas été effectué depuis plus de 5 ans, alors que l'ensablement de la passe constitue un véritable goulet d'étranglement pour les bateaux de pêche. Faute de dragueur, l'extraction du sable se fait d'une façon traditionnelle à l'aide d'une grue. Sur ce point, M. Rouane nous révélera qu'un accord vient d'être arraché de la DTP pour le dragage du port de Béni Saf. Au sujet de l'abri de pêche de Madagh, Mejdoub Benali, directeur de la pêche et des ressources halieutiques de wilaya, nous a indiqué que les travaux de base ont été achevés à 100%, en attendant tout prochainement l'inscription des opérations portant réalisation des superstructures, du mur de clôture et de toute la logistique destinée aux différentes administrations dont les sièges de la Protection civile, des services de sécurité, une station de pêche, l'administration qui relève de la société de gestion des ports et les abris de pêche. Il ne sera livré qu'une fois ces travaux achevés. M. Mejdoub a plaidé pour l'encouragement de la pêche et de l'aquaculture touristique et la diversification des activités et des revenus des pêcheurs par le tourisme qui doit s'inspirer de l'agrotourisme. M. LARADJ