Vingt-quatre milliards de centimes ont été investis dans la réalisation du réseau d'assainissement de cette commune, distante du chef-lieu de quelque soixante kilomètres. Vingt-quatre milliards de centimes ont été investis dans la réalisation du réseau d'assainissement du village de la commune de Chemora, à une soixantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de Batna, pour que les eaux usées (domestiques et publiques) ne se déversent plus dans l'oued qui traverse la ville, en vain. Cet investissement semble a priori ne pas avoir servi à grand-chose, ou plutôt ne pas avoir atteint l'objectif pour lequel il a été conçu, étant donné que les eaux usées continuent à se déverser dans l'oued en formant de véritables cloaques, au risque d'infiltrer les eaux souterraines et de menacer la santé des riverains. Ces cloaques sont visibles plus précisément à deux cents mètres, en bas du pont Blanc (qentra l'beïda), au niveau d'un déversoir, à l'ouest du quartier de douar Chair, qui semble être à l'origine de tout ce mal. Les eaux usées déversées sont, en effet, en train de former des mares polluantes et pestilentielles. Le courroux des riverains, excédés par le paysage pénible et exécrable, commence à se faire entendre. Une fois sur les lieux, nous avons constaté qu'un conduit, qui “vomit” ses eaux usées chargées de matières fécales dans l'oued en plein air, enlaidit le décor et pollue l'environnement. Un véritable laboratoire de reproduction pour les insectes et les maladies. Un environnement nuisible à la santé des citoyens qui craignent que l'effroyable épidémie de choléra de 1980 ne se renouvelle. Des correspondances, selon nos sources d'information, ont été adressées aux organismes concernés par les services de la commune, mais aucune réaction n'a eu lieu à ce jour. D'autres ont même essayé, à plusieurs reprises, de prendre contact avec les services de l'hydraulique pour connaître leur avis sur le problème, en vain. La seule intervention enregistrée, selon les riverains, est celle des services de la commune, qui n'a, d'ailleurs, pas servi à grand-chose parce que le déversoir continue à faire des siennes. Contacté par nos soins, un technicien de l'APC nous dira : “Nos services sont déjà intervenus ; ils ont tenté de le désengorger, mais le problème persiste. On ignore pourquoi.” À ce sujet, les explications abondent. Certains l'expliquent par une défaillance technique dans la réalisation de l'ouvrage, alors que d'autres avancent l'idée de l'absence d'entretien. Ainsi, un professionnel de la chose explique : “La lame du déversoir est un peu basse (…) Elle devrait être élevée.” Mais, pour le moment, personne ne peut se prononcer ou déterminer avec exactitude l'origine du problème. Un employé de l'APC de Chemora, qui nous a apostrophé en pleine rue, nous dira que le projet n'était pas encore réceptionné et qu'il fallait voir avec l'entrepreneur qui avait réalisé l'ouvrage. Si cela s'avère vrai, pourquoi les élus de l'APC de Chemora n'ont pas fait appel à lui et, du coup, corriger son ouvrage (s'il présente des imperfections bien sûr), au lieu d'envoyer leurs équipes pour le désobstruer ? Par ailleurs, il nous a été signalé d'autres mares d'eaux noirâtres croupissantes à proximité du pont de Fer (qentrete lahdid), à l'ouest de douar Chair. Ces mares sont dues, essentiellement, aux eaux usées que charrient certaines conduites secondaires qui ne sont pas encore raccordées ou branchées au réseau principal d'assainissement. À la question : “Pourquoi ces raccordements ou connexions des conduites d'eau ne sont, jusqu'à l'heure, pas effectuées ?”, personne n'a voulu éclairer notre lanterne. C'est le silence total ! En attendant, la population continue, en dépit de tout, d'interpeller les instances concernées. B. BELKACEM