Conclu le 17 décembre 2015, sous l'égide de l'ONU, l'accord de paix de Skhirat a permis la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, qui demeure le seul cadre légitime pour une sortie de crise en Libye, même si son mandat a expiré à la même date en 2017. Le Maroc tente de reprendre la main dans la gestion du dossier libyen, en invitant en début de semaine des représentants des deux parties libyennes en conflit à Rabat, où la révision de l'accord de Skhirat a été évoquée avec le Parlement marocain, officiellement à l'origine de cette initiative. Tout en niant un quelconque accord avec le président du Parlement de Tobrouk, Akila Salah, arrivé dimanche au Maroc, le président du Conseil d'Etat libyen, Khaled al-Mechri, a déclaré avoir discuté avec le président de la Chambre des conseillers (Chambre haute du Parlement marocain), Hakim Benchamach, de "l'accord de Skhirat et de son amendement conformément à la phase actuelle", ont rapporté les médias locaux. "Nous n'allons pas traiter avec Khalifa Haftar (le général putschiste) et nous traiterons avec toutes les parties issues de l'accord politique de Skhirat", a-t-il ajouté, lit-on sur le site de l'agence de presse turque Anadolu, soulignant que "l'accord de Skhirat est la référence politique première de la solution en Libye, et toutes les initiatives et accords qui ne sont pas contraires audit accord sont des choses acceptables". Cette visite intervient dans un contexte de tensions diplomatiques sur la périlleuse bataille de Syrte, que les bélligerants libyens préparent depuis des semaines, avec l'appui d'acteurs étrangers, dont l'ingérence risque de conduire la Libye vers la scission et de déstabiliser l'ensemble de la région de l'Afrique du Nord et du Sahel. Cela, sans oublier le prolongement que peut avoir cette bataille sur la partie nord de la Méditerranée, à travers la crise migratoire que les Européens appréhendent avec beaucoup d'inquiétudes. Pour sa part, Akila Salah a présenté son plan de sortie de crise à son homologue marocain, Habib El Malki, dont le pays avait déjà appuyé l'initiative égyptienne et que le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) de Tripoli, issu de l'accord de Skhirat, avait rejeté en bloc, le qualifiant de tentative de sauvetage du Caire du général Khalifa Haftar, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen. Le Parlement de Tobrouk a demandé la formation d'une "nouvelle autorité exécutive chargée des affaires des Libyens pour une période transitoire, en attendant la rédaction d'une nouvelle Constitution et la tenue de nouvelles élections présidentielles et législatives", a expliqué M. Saleh lors d'un point de presse lundi soir. Elu un an auparavant, le Parlement de Tobrouk devait cesser son activité le 20 octobre 2015, après que la Cour constitutionnelle avait invalidé le scrutin du 25 juin 2014. Mais il a décidé de prolonger son mandat, contre vents et marées, estimant que la décision de cette Cour avait été prise sous la contrainte des armes à Tripoli, qui était à l'époque sous le contrôle des milices islamistes. Pour rappel, le président du Parlement de Tobrouk, qui a déménagé à Benghazi en 2019, devait se rendre en Algérie, il y a de cela une dizaine de jours, selon la presse libyenne, avant qu'elle n'annonce l'annulation de cette visite, sans fournir la moindre explication. À Alger, cette rencontre, qui devait avoir lieu avec le président de la République Abdelmadjid Tebboune, n'a été ni annoncée ni démentie par les autorités.