Alors que l'émissaire onusien en Libye, Martin Kobler, négocie son installation à Tripoli avec les milices, le nouveau gouvernement d'union nationale, dont la composition a été réduite par Faïz Sarraj à 12 ministres, sera soumis demain au Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. Prenant en considération les recommandations des députés du Parlement de Tobrouk, qui avaient jugé pléthorique la composition de son précédent exécutif de 32 ministres, le Premier ministre libyen présentera donc un cabinet restreint de douze membres seulement. De retour de Skhirat au Maroc, où il s'était attelé pendant trois jours à composer ce gouvernement, Faïz Sarraj devait soumettre hier à Tunis la composante de son équipe gouvernementale à la commission du dialogue, présidée par Mohamed Chouaïb, avant de la présenter demain au vote des parlementaires. Il a dû travailler dans l'urgence tout en prenant en considération les pressions exercées par les capitales arabes et occidentales quant à la nécessité de former rapidement ce gouvernement, afin que la communauté internationale puisse avoir dans les meilleurs délais un interlocuteur à même de discuter d'un plan de bataille contre Daech, qui représente un danger réel pour la Libye et pour la région. Entre-temps, l'émissaire onusien pour la Libye négocie avec les milices de Tripoli pour obtenir leur accord quant à l'installation du gouvernement de Sarraj dans la capitale. En effet, Martin Kobler a révélé, lors d'une conférence de presse avec Salah Aguila du Parlement de Tobrouk, qu'il a rencontré cette semaine sept membres de la commission des arrangements sécuritaires pour mettre en place un organisme de sécurité, dont la mission serait d'installer le gouvernement d'union nationale à Tripoli. Il lui sera difficile de convaincre les milices, dont une bonne partie échappe à tout contrôle, d'autant plus qu'elles rejettent catégoriquement le maintien du général Khalifa Haftar à la tête de l'armée libyenne, alors que les parlementaires de Tobrouk en font une ligne rouge. C'est un point de discorde sur lequel il sera très difficile d'aboutir à un compromis tant les positions des uns et des autres sont diamétralement opposées. Par ailleurs, le représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU a expliqué que le terrorisme a pris de l'ampleur en Libye en raison des divisions existantes entre les différents mouvements politiques, et que l'unité est désormais indispensable pour faire face à tous les défis sécuritaires. Dans l'attente d'un hypothétique rapprochement entre toutes les parties libyennes, l'organisation terroriste Daech consolide sa présence en Libye en continuant à gagner du terrain. Plus le temps passe sans la conclusion d'un accord inter-libyen, plus la lutte contre l'Etat islamique dans ce pays sera difficile. Merzak Tigrine