C'est à un véritable plaidoyer en faveur d'une Opep du gaz que s'est adonné le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, dans une interview à S&P Global Platts. Selon lui, le ralentissement économique mondial, aggravé par la pandémie de Covid-19, et la baisse conséquente des prix du gaz, représentent une opportunité à même de renforcer le rôle du Forum des pays exportateurs de gaz. "Bien sûr, les marchés du gaz sont différents des marchés du pétrole, mais la coopération entre les producteurs et la stabilité du marché sont tout aussi importantes", souligne-t-il, à quelques mois d'une réunion qui devrait se tenir, le 12 novembre prochain, à Alger, regroupant les ministres de l'Energie des pays membres du GECF (Forum des pays exportateurs de gaz). Ce forum fait office de cadre de concertation entre les pays exportateurs de gaz, mais il ne s'agit aucunement d'un mécanisme formel qui pourrait envisager une réponse coordonnée aux bas prix du gaz à travers une limitation de l'offre mondiale. Il est vrai que l'idée d'aller vers une "Opep du gaz" a été, à maintes reprises, évoquée avec, comme objectif, de passer d'un cadre de concertation à un mécanisme de gestion coordonnée du marché, mais le projet est resté au stade d'une simple réflexion. Le secrétaire général du GECF, Yury Sentyurin, a déclaré en juin qu'il considérait l'Opep comme un "modèle" pour les activités du Forum, soulignant, à la même occasion, qu'il était "grand temps" de mettre en œuvre les connaissances et les solutions envisagées dans l'industrie pétrolière. Des poids lourds de l'échiquier gazier mondial, dont la Russie, le Qatar et l'Iran, siègent dans le GECF, créé en 2001, faut-il le rappeler. Ses membres détiennent environ 70% des réserves mondiales prouvées de gaz. Abdelmadjid Attar a indiqué que le marché du gaz était miné par un sur-approvisionnement qui dure depuis le début de l'année dernière et que la pandémie de coronavirus n'a fait qu'aggraver le déséquilibre entre l'offre et la demande. Pendant que l'offre évoluait en hausse, la demande, elle, était en baisse, affectant les flux et la trésorerie de nombreux Etats exportateurs, étant donné que ce déséquilibre a eu pour conséquence une baisse historique des cours. Le marché mondial du gaz manque de stabilité, fait constater le ministre de l'Energie, dans son interview à S&P Global Platts. D'où son plaidoyer en faveur d'une coopération entre les pays exportateurs qui serait semblable à la réponse coordonnée initiée par l'Opep aux fins de stabiliser le marché pétrolier. Par ailleurs, Abdelmadjid Attar a rassuré quant à la capacité de Sonatrach de traverser cette zone de turbulences, soulignant, sur sa lancée, que le groupe public des hydrocarbures était "en discussion permanente avec ses clients pour trouver des solutions consensuelles, notamment en termes de flexibilité opérationnelle afin de faire face à cette situation exceptionnelle". Le ministre a laissé entendre que Sonatrach était disposée à revoir à la baisse la tarification de son gaz appliquée aux contrats gaziers de long terme. "Sonatrach est un acteur important sur le marché du gaz et a développé une réputation de fournisseur fiable. Sa stratégie de coopération est basée sur un esprit gagnant-gagnant, notamment avec ses partenaires européens", a fait valoir le ministre. Dans la foulée, il a tenté de dissiper les doutes quant aux capacités de Sonatrach à honorer ses engagements contractuels, voire à disposer d'une flexibilité à même de placer des quantités supplémentaires sur le marché spot. Il a ainsi annoncé qu'un projet était en cours au port de Skikda pour permettre aux très grands transporteurs de gaz de charger des cargaisons, élargissant ainsi la gamme de ses options d'approvisionnement en GNL. Le groupe public des hydrocarbures investissait de plus en plus dans le marché spot ces dernières années, acheminant son GNL à destination de plusieurs pays asiatiques, dont la Corée du Sud, le Pakistan et l'Inde.