"Notre souci sera de s'entraider et de mettre, si nécessaire, les stratégies adéquates afin de juguler la propagation du virus", recommande le Pr Abdelkarim Beniaïche. Quelle évaluation faites-vous du déroulement de l'année universitaire marquée par une crise sanitaire sans précédent ? Pr Abdelkarim Beniaïche : Cette année, à l'université Ferhat-Abbas de Sétif (Sétif 1), le début de l'année universitaire s'est déroulé dans des conditions normales. Avant la pandémie de coronavirus, il n'y a pas eu de perturbations, cependant, pour certaines filières, le rattrapage n'a pas été assuré. Pour le deuxième semestre, il y a des variables d'exécution du programme qui a été assuré. Cela varie de 3 à 4 semaines d'une filière à l'autre. Selon le point qui a été fait, il nous reste de 7 à 8 semaines. En effet, le reste du programme a été assuré en recourant à la plateforme d'enseignement à distance. Le taux exact de suivi de ces cours et le nombre d'étudiants ayant suivi ces cours seront connus prochainement, car nous avons lancé cette semaine sur le site web de l'université un questionnaire destiné aux étudiants et un autre aux enseignants. À l'issue des réponses, nous pourrons quantifier le taux d'interactivité entre les étudiants et les professeurs. Le questionnaire nous permettra d'avoir une idée sur le taux de suivi ainsi qu'une idée sur le taux d'assimilation. Comment envisagez-vous d'achever l'année universitaire en cours ? À l'université Ferhat-Abbas, nous avons d'abord programmé les soutenances des masters et des doctorats tout au long des mois de juillet et d'août, pour ceux qui ont terminé leurs études. L'opération se déroule dans de très bonnes conditions tout en veillant au respect des gestes barrières et des mesures de prévention. Nous avons aussi limité le nombre de personnes qui assistent aux soutenances. Les étudiants ont été compréhensifs. Les pourcentages varient d'une filière à l'autre. Sur un autre volet, à compter du 23 du mois en cours et jusqu'à la mi-septembre au plus tard, on prendra en charge les dernières promotions de licence et de master comme première vague, selon un programme préétabli. Il variera d'une journée et demie à deux journées par promotion et par semaine. L'objectif est bien sûr d'avoir un nombre réduit d'étudiants afin de respecter la distanciation physique. Je peux vous donner un exemple : dans la faculté des sciences, nous comptons 3000 étudiants, cependant il n'y aura que 300 étudiants présents par vague, soit 10% des effectifs. À cet effet, tous les emplois du temps du deuxième trimestre ont été adaptés à la circonstance de la pandémie de Covid-19. Nous avons prévu la présence de pas plus de 16 étudiants dans un même espace de 50 m2. Pour l'hébergement, le protocole de notre tutelle prévoit une chambre de 4 m2 pour chaque étudiant. La particularité de notre établissement est la prise en charge des 400 étudiants internes (7e année) de médecine en présentiel et 50% d'entre eux dans nos résidences. À cet effet, on leur a réservé des blocs à part pour qu'ils ne soient pas en contact avec les étudiants des autres filières. Qu'en est-il des préparatifs pour la prochaine rentrée qui se déroulent, rappelons-le, dans ces circonstances exceptionnelles ? Cela fait plusieurs jours que nous enchaînons les réunions au campus. Nous ne devons rien laisser au hasard, car il s'agit de la santé et de la vie de la communauté universitaire de notre établissement et nous en sommes responsables. En effet, après l'installation de la commission chargée du protocole au campus, nous avons installé des sous-commissions dans différentes facultés de l'université Ferhat-Abbas (Sétif 1). Aujourd'hui, (mardi, ndlr), nous avons procédé à l'installation de la commission de la ville universitaire de Sétif qui comporte, outre notre campus, l'université Dr Mohamed-Lamine-Debaghine (Sétif 1) et l'Ecole normale supérieure (ENS) Messaoud-Zeghar d'El-Eulma. Cette commission est chargée de veiller à l'exécution stricte de ce protocole dans les trois campus et autres structures annexes, dont les cités universitaires et le transport. Notre souci sera de nous entraider et mettre si nécessaire les stratégies adéquates afin de juguler la propagation du virus. Il sera surtout question de fédérer nos moyens et les compétences existants dans différentes structures. Pour être plus explicite, je peux vous dire que notre université a une dizaine d'ambulances, alors que les deux autres campus, à savoir Mohamed-Lamine-Debaghine et l'ENS, n'en ont aucune. Nous devons mettre à la disposition des deux établissements au moins deux ou trois ambulances. Sur un autre volet, lors de ce conclave, nous avons décidé de consacrer une seule résidence universitaire (El-Hidhab 8) relevant de Sétif, ce sera le point focal pour le confinement de tous les étudiants de la wilaya qui seraient suspects. Mieux encore, on a adopté une proposition qui vise à créer une cellule médicale composée de 67 médecins universitaires. Cette dernière aura pour mission de suivre la pandémie dans tous nos établissements universitaires et cités ainsi que la résidence de confinement. Qu'en est-il des moyens matériels et financiers pour faire face à la pandémie ? Dans l'université que je gère, nous avons déjà procédé à l'achat de 60 thermomètres frontaux sans contact. Ils seront mis à la disposition des agents de sécurité et médecins qui auront la mission de contrôle de toute personne franchissant le seuil du campus, où l'entrée est aussi objet d'une minutieuse organisation qui sera mise en place dès le 23 août. Nous comptons aussi commander une importante quantité de bavettes lavables qui sera mise à la disposition des étudiants. Nous avons proposé aussi de faire des achats groupés pour les trois campus. Pour la désinfection, les sociétés avec lesquelles nous sommes conventionnés auront cette tâche. Il leur sera demandé d'adapter leur intervention en intervenant après chaque deux séances pour désinfecter les tables et les chaises. Par ailleurs, dans le cadre de la solidarité entre les établissements universitaires de la wilaya, le laboratoire de pharmacie galénique de la faculté de médecine de notre université s'est aussi engagé à mettre à la disposition de la communauté universitaire des trois universités, qui compte près de 70 000 étudiants et des centaines de professeurs, une importante quantité de solutions et gel hydroalcoolique désinfectants produits dans nos laboratoires.